Frontaliers au chômage : des offres d’emploi moins bien payées désormais obligatoires

Les travailleurs frontaliers suisses au chômage doivent désormais accepter des emplois « raisonnables » en France, même s’ils sont moins bien rémunérés, sous peine de voir leurs allocations suspendues.

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Un drapeau suisse flotte devant un bâtiment officiel, probablement une ambassade. Cette image illustre le lien entre la Suisse et les travailleurs frontaliers français qui traversent la frontière pour travailler.
Chômage : les frontaliers suisses obligés d’accepter des emplois moins rémunérés | Econostrum.info

Depuis le 22 mars 2025, les travailleurs frontaliers français au chômage, notamment ceux ayant perdu leur emploi en Suisse, doivent désormais accepter des offres d’emploi dites « raisonnables », même si ces propositions sont moins bien rémunérées que leurs précédentes fonctions. Cette réforme, introduite par France Travail, suscite de vives réactions parmi les frontaliers, qui doivent désormais s’adapter à des conditions moins avantageuses tout en continuant à chercher un emploi.

La mesure, qui touche principalement les frontaliers français travaillant en Suisse, a pour but de réduire le coût de l’assurance chômage, estimé à 800 millions d’euros en 2023 selon l’Unedic. L’un des principaux objectifs de cette réforme est de combler un déséquilibre financier entre les contributions de la Suisse et les allocations chômage versées par la France. Actuellement, en vertu de l’accord européen de 2004, la Suisse rembourse seulement environ 20 % des indemnités versées aux travailleurs transfrontaliers licenciés, le reste étant pris en charge par la France. Cela crée un déséquilibre que le gouvernement souhaite corriger en modifiant les règles d’indemnisation et d’acceptation des offres d’emploi.

Quelles sont les nouvelles règles pour les frontaliers ?

Dans le cadre de la réforme, les frontaliers au chômage bénéficient d’un accompagnement de France Travail pendant deux mois après la perte de leur emploi. Durant cette période, ils peuvent recevoir des offres d’emploi en France ou à l’étranger. Cependant, passé ce délai, leur recherche d’emploi sera exclusivement centrée sur le marché français. Les critères des offres sont désormais précis : elles doivent être raisonnables, en ligne avec les compétences et le profil des demandeurs d’emploi, et leur salaire doit être aligné sur les standards pratiqués en France, qui sont généralement inférieurs à ceux observés en Suisse.

Cette règle salariale constitue l’une des principales sources de frustration pour les frontaliers, habitués à des rémunérations plus élevées dans le pays voisin. Si les frontaliers refusent deux offres raisonnables sans justification valable, leurs droits aux allocations chômage seront suspendus. Cela crée une pression supplémentaire sur les demandeurs d'emploi, qui doivent accepter des emplois qui, parfois, ne correspondent pas à leurs attentes salariales ou professionnelles, expliquent nos confrères de Capital.

Une transition difficile et des critiques de la réforme

Cette réforme a été perçue comme une transition brutale pour de nombreux frontaliers, qui considèrent ces nouvelles règles comme injustes. Ces travailleurs, souvent bien intégrés dans l’économie suisse et bénéficiant de salaires plus élevés, sont désormais confrontés à des conditions qui pourraient ne pas correspondre à leur niveau de vie ou à leurs compétences. Comme l’indiquent plusieurs travailleurs frontaliers interrogés par France 3, cette réforme pourrait nuire à leur capacité à maintenir un niveau de vie confortable, notamment en raison des différences salariales importantes entre les deux pays.

Certains frontaliers estiment qu’ils contribuent largement à l’économie française, notamment en investissant dans l’immobilier ou en payant des impôts locaux. De plus, beaucoup soulignent que leurs revenus sont souvent utilisés pour soutenir des secteurs économiques français, en particulier dans les régions proches de la frontière suisse.

Une mobilisation des associations de frontaliers

Face à cette réforme, plusieurs associations de frontaliers ont décidé de se rassembler sous une Confédération européenne des frontaliers. Cette organisation, qui réunit des associations françaises (Franche-Comté et Alsace), mais aussi belges et luxembourgeoises, a pour objectif de faire entendre la voix des travailleurs transfrontaliers à l’échelle européenne. Ces associations dénoncent le manque de flexibilité et de compréhension face à leur situation particulière et demandent que la réforme soit révisée pour mieux prendre en compte les spécificités des frontaliers.

Les associations affirment qu’elles continueront à porter leurs revendications au niveau européen pour faire évoluer les règles, notamment en matière de réduction des écarts salariaux et de meilleures conditions d’indemnisation. Elles soulignent également que la réforme pourrait avoir des conséquences sociales importantes sur des milliers de travailleurs français, notamment ceux qui, bien qu’employés en Suisse, contribuent fortement à l’économie française.

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