La suppression de l’abattement de 10 % sur les pensions de retraite, proposée notamment par le Medef, suscite une levée de boucliers. Pour les syndicats, cette mesure fragiliserait de nombreux retraités en alourdissant leur fiscalité, sans distinction claire entre niveaux de revenus. Le débat, relancé en pleine réflexion sur le financement des retraites, ne fait que commencer.
En place depuis 1978, l’abattement de 10 % s’applique de manière forfaitaire sur les pensions déclarées aux impôts. Contrairement à l’abattement équivalent des salariés, il n’est pas lié à des frais professionnels. C’est une mesure d’équité, rappellent les syndicats, justifiée par les dépenses spécifiques supportées par les retraités, comme la complémentaire santé qu’ils financent intégralement.
L’idée de le supprimer, évoquée dans le cadre des discussions autour du financement des régimes de retraite, repose sur une logique budgétaire : récupérer environ 4 milliards d’euros chaque année, selon le président du Conseil d’orientation des retraites, Gilbert Cette.
Une mesure à fort impact pour les foyers modestes
Selon les organisations syndicales (CGT, FO, CFTC, FSU, Solidaires, FGR-FP, Ensemble et Solidaires), cette suppression aurait des effets très concrets. Elle pourrait rendre imposables près de 500 000 retraités, aujourd’hui exonérés. Les plus touchés seraient les foyers percevant moins de 3 600 euros par mois, seuls ou à deux, selon les calculs avancés.
En plus d’alourdir la facture fiscale, cette décision serait perçue comme un signe d’iniquité, en particulier dans un contexte marqué par l’inflation et la hausse du coût de la vie. Pour les syndicats, c’est une manière de faire peser de nouveaux efforts sur des populations déjà exposées.
Une fracture syndicale sur fond de réforme des retraites
Si la plupart des syndicats rejettent fermement cette idée, d’autres adoptent une position plus nuancée. La CFDT, restée dans le dialogue sur la réforme de 2023, estime que tous doivent participer à l’effort collectif, y compris les retraités les plus aisés. Mais cette distinction reste floue et ne convainc pas les autres organisations.
L’UNSA Retraités rappelle que les actifs ne financent qu’une partie de leur mutuelle grâce à la participation de l’employeur, un avantage dont ne bénéficient pas les retraités. Pour cette raison, l’abattement conserve toute sa pertinence.
Abattement fiscal de 10% : Un sujet sensible dans un climat social tendu
Dans un communiqué commun, les syndicats dénoncent une stratégie de division, pointant un gouvernement accusé de stigmatiser tour à tour différentes catégories sociales. Retraités, chômeurs, fonctionnaires : chacun devient tour à tour la cible d’ajustements budgétaires, rapporte BFMTV.
Alors que les réformes sociales restent à vif dans l’opinion, cette nouvelle piste fiscale pourrait bien rallumer la colère des retraités. Pour l’heure, rien n’est décidé, mais les syndicats affichent clairement leur détermination à bloquer une mesure qu’ils jugent injuste, inefficace et politiquement risquée.