En France, plus de 30% de la population ayant droit aux aides sociales ne les réclament pas. Pour mettre un terme à cette situation, le Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle prévoit de lancer, dès la rentrée, un dispositif d'expérimentation. Celui-ci aura pour objectif de faciliter l'accès aux allocations sociales.
Lancement d'une expérimentation à la Meurthe-et-Moselle contre le non-recours aux aides sociales
Actuellement, selon les chiffres publiés par la DREES, plus de 34% des Français éligibles au RSA ne le réclament pas, tandis que le taux de non recours atteint les 50% pour le minimum vieillesse. La raison pour laquelle ces personnes ne font pas valoir leur droit, est, en partie, la difficulté des démarches pour profiter des aides sociales. Le manque d'informations y joue également un rôle, ainsi que la peur du jugement ou encore la défiscalisation.
Pour tenter de mettre un terme à ce phénomène appelé « non-recours » qui sévit dans l'Hexagone, le ministère des Solidarités a mis en place une nouvelle expérimentation. Il s'agit de l'opération « Territoire zéro non-recours » qui se déroulera sur une durée de 3 ans au niveau de plus de 39 collectivités. Parmi ces dernières figure le Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle.
L'expérimentation prendra forme dans cinq communes dès la rentrée et sera assurée par le département, en collaboration avec l'association ATD Quart Monde et la métropole du Grand Nancy. Il s'agira, entre autres, des communes suivantes : Saint-Max, Nancy, Essey-lès-Nancy, Maxéville et Malzéville.
« Dans les quartiers, il y a beaucoup de permanences qui n'existent plus. », explique Aquilina Ferreira, militante au sein d'ATD Quart Monde à Nancy, qui rencontre, elle-même, des difficultés financières. « Avant, il y avait la CAF, la Sécurité sociale, tout ça. Beaucoup de choses sont parties et les gens sont perdus. Il y a bien des bornes interactives dans les mairies, mais les gens ne savent pas faire », poursuit-elle.
« Même avec un RSA, on ne vit pas dans la dignité »
Il va sans dire que les conséquences du non-recours sont désastreuses, notamment pour les plus démunis. « Ils quémandent et ne vivent pas dans la dignité ! Et même avec un RSA, on ne vit pas dans la dignité. Le reste-à-vivre est calculé sur 5 € par jour à peu près. Je défie quiconque de vivre convenablement avec 5 € par jour. », s'indigne Rolande Laureau-Laplace, alliée à ATD Quart Monde Nancy.
Par ailleurs, la présidente du Conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, Chaynesse Khirouni, tente de trouver des solutions pour faire parvenir les allocations sociales aux personnes éligibles qui ne réclament pas leurs droits. « Va falloir renforcer le « aller vers », innover dans les pratiques pour savoir comment identifier ces personnes. Ça peut être dans des espaces où les gens ont l'habitude d'aller, comme un café, un marché, au domicile, avec le porte-à-porte », a-t-elle proposé.
Un budget de 18 millions d'euros sera consacré à cette expérimentation, qui va s'étendre sur toute la France pour une durée de trois ans. Elle vise le Grand Nancy, qui abrite plus de 34 777 habitants, dont 2 239 qui ont le profil pour bénéficier du RSA.