La banque centrale se lance dans une transition numérique de sa monnaie, mais à deux rythmes distincts. D'un côté, l'euro numérique, réservé aux transactions institutionnelles, progresse rapidement. De l'autre, la monnaie numérique, destinée au grand public, avance lentement.
Au cours de sa conférence « Dévoiler le potentiel des CBDC de gros : quels enseignements et perspectives ? », le directeur de la Banque centrale de France, François Villeroy de Galhau, a annoncé que les banques centrales de la zone euro travaillent sur un « euro numérique de gros ». Ce dernier aurait pour objectif de révolutionner le mode de transaction de grande échelle.
« L’Eurosystème a commencé à explorer de nouvelles technologies pour le règlement de la monnaie de banque centrale, y compris l’émission d’un premier type de CBDC tokenisée (…) Les critères d’éligibilité et l’appel d’intérêt seront publiés dans les semaines à venir et des expérimentations seront déployées au cours de l’année prochaine, y compris des essais avec des transactions réelles », a-t-il ajouté.
Faire appel à la Blockchain
Ce nouvel euro numérique s'appuierait sur la technologie de la blockchain et les smart contracts. Il permet aux banques centrales de distribuer leur propre monnaie numérique de manière plus efficace, notamment pour les transferts interbancaires et les transactions sur les marchés financiers. Il permettrait à la banque centrale donc d'exploiter « des protocoles et des blockchains alternatifs, ainsi que son propre registre distribué exclusif pour le système de règlement de titres, DL3S ».
L'euro numérique de détail : un chemin relativement plus lent !
Contrairement à l'euro numérique de gros, son homologue de détail est conçu pour être utilisé par les particuliers. Cependant, sa mise en place progresse plus lentement, avec des délais augmentant au moins de deux ans, selon Christine Lagarde, présidente de la Banque centrale européenne. Ce ralentissement est en premier lieu lié aux préoccupations concernant le respect de la vie privée des utilisateurs. Les banques centrales doivent trouver un équilibre entre la facilité d'utilisation et la protection des données personnelles.
De plus, Les projets d'euro numérique sont également confrontés à des contraintes juridiques pesantes. Le règlement MiCA (Markets in Crypto-Assets) et la directive DAC8 (Digital Finance Package) ont des implications majeures sur la réglementation des cryptomonnaies et des monnaies numériques en Europe.