Emploi : les obèses ont 30 % de chances en moins d’être recrutées en France, selon une étude

L’obésité réduit de 30 % les chances d’être embauché en France, selon une étude.

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Photo illustrant un entretien d'embauche pour illustrer les chances réduites des personnes obèses à être recrutés en France
Emploi : les obèses ont 30 % de chances en moins d'être recrutées en France, selon une étude | Econostrum.info

Alors que les discriminations au travail sont régulièrement dénoncées pour des raisons de sexe, d’origine ou de handicap, celles liées à l’apparence physique demeurent largement invisibles. Pourtant, elles touchent près d’un quart des salariés, selon une récente enquête menée en France. Le sociologue Jean-François Amadieu, spécialiste du sujet interrogé par Capital, alerte sur l’ampleur de ce phénomène, encore peu reconnu dans le débat public et rarement encadré de manière efficace.

Selon une enquête menée par Apicil et OpinionWay, 25 % des salariés français déclarent avoir déjà subi une discrimination liée à leur apparence physique. Il peut s’agir de la taille, du poids, de la tenue vestimentaire, ou encore de la coiffure. Ces discriminations, bien que reconnues par la loi depuis 2021, restent très peu évoquées par les pouvoirs publics et quasi absentes des campagnes de lutte contre les inégalités. Pour Jean-François Amadieu, ce manque d’attention s’explique notamment par le peu d’implication des élites, rarement concernées personnellement, et l’absence de structures associatives dédiées spécifiquement à la défense de ces causes.

L’obésité et son impact direct sur l’embauche

La discrimination liée à l’apparence est particulièrement marquée dans le processus de recrutement. L’apparence physique influe directement sur les chances de décrocher un entretien. Ainsi, une personne obèse voit ses chances d’être embauchée réduites de 30 %, un chiffre équivalent aux discriminations raciales. La photo sur le CV, encore très utilisée en France, joue un rôle crucial dans ce tri initial. Jean-François Amadieu note que le style vestimentaire reste le principal facteur discriminant, malgré l’interdiction légale pour un recruteur d’imposer un code vestimentaire à un entretien.

Des difficultés à prouver la discrimination

Si les effets sont évidents à l’embauche, ils persistent tout au long de la carrière professionnelle. Des études montrent une corrélation entre l’apparence physique et les niveaux de rémunération. La taille, le poids ou encore la coupe de cheveux peuvent influencer les perspectives d’évolution, voire le maintien dans l’emploi. Pourtant, ces données restent difficiles à documenter, car aucune entreprise ne collecte d’informations sur les caractéristiques physiques de ses salariés, rendant le phénomène d’autant plus difficile à combattre.

Les discriminations liées à l’apparence étant souvent subjectives, elles sont extrêmement difficiles à prouver. Les recruteurs ou employeurs ne justifient jamais ouvertement leurs choix sur des critères physiques. Dans les cas de discrimination ressentie, les victimes peuvent néanmoins saisir le Défenseur des droits, institution chargée de traiter ces signalements, comme l’indique le sociologue Jean-Francois Amadieu à Capital. Mais sans réelle prise en charge institutionnelle ni accompagnement associatif fort, ces démarches restent complexes et peu accessibles.

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