Emploi en France : le travail « peu qualifié » est en chute libre depuis 30 ans

L’emploi fait face à des difficultés en France. Le nombre d’heures travaillées par les personnes peu qualifiées a chuté de 40 % en 30 ans.

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Une femme qui exerce un travail peu qualifié pour évoquer les défis du secteur de l'emploi
Emploi en France le travail « peu qualifié » est en chute libre depuis 30 ans | Econostrum.info

Le secteur de l'emploi fait face à plusieurs défis en France. Le nombre d’heures travaillées par les personnes peu qualifiées en France a chuté de 40 % en 30 ans, une tendance qui ne se retrouve ni en Allemagne, ni au Royaume-Uni, ni aux États-Unis. Cette évolution, mise en lumière par une étude du Conseil d’analyse économique (CAE), s’explique en grande partie par une insertion plus lente des jeunes et un faible taux d’emploi des seniors. Pourquoi la France connaît-elle une telle évolution ? Quelles en sont les conséquences sur le marché du travail ?

L’étude du CAE, relayée par Sud-Ouest, souligne que cette diminution massive du travail peu qualifié est propre à la France. Contrairement aux idées reçues, la désindustrialisation ne suffit pas à expliquer ce phénomène, puisque des pays voisins ayant connu un recul industriel similaire ne connaissent pas la même situation.

Un autre facteur est le nombre d’heures travaillées. En moyenne, un Français travaille 100 heures de moins par an qu’un Allemand ou un Britannique, et 300 heures de moins qu’un Américain. Ce différentiel ne s’explique pas par une réduction du temps de travail des salariés en poste, mais bien par un taux d’emploi plus faible chez certaines catégories de la population.

L’étude démontre une insertion difficile pour les jeunes

L’étude met en évidence un problème majeur : l’entrée tardive des jeunes sur le marché du travail. En France, deux ans après la fin de leurs études, seuls 52 % des jeunes arrêtant l’école à 18 ans ont un emploi. Ce taux est inférieur de 15 points à l’Allemagne et de 30 points au Royaume-Uni. Cette difficulté à intégrer le marché du travail pèse lourdement sur le nombre total d’heures travaillées.

Les raisons de ce retard sont multiples : un système éducatif moins tourné vers l’alternance, une rigidité du marché de l’emploi et des entreprises plus réticentes à embaucher des jeunes sans expérience.

Un taux d’emploi qui progresse chez les seniors

Chez les seniors, la situation s’améliore mais reste inférieure aux standards internationaux. La France a rattrapé son retard pour la tranche des 55-59 ans, où le taux d’emploi est désormais supérieur à celui du Royaume-Uni et des États-Unis. En revanche, pour les 60-64 ans, il demeure inférieur à celui de l’Allemagne, malgré une progression depuis les années 2000 grâce aux différentes réformes des retraites.

Les mesures visant à allonger la durée de cotisation et à reculer l’âge de départ à la retraite ont permis d’augmenter le taux d’emploi des seniors, mais cette progression reste plus lente qu’ailleurs.

L’importance de soutenir l'emploi féminin, lourdement impacté par l’arrivée des enfants

L’étude, rapportée par Sud Ouest, souligne également le ralentissement de l’augmentation du travail féminin. Longtemps moteur de la croissance du nombre d’heures travaillées, l’emploi des femmes semble stagner.

L’un des principaux freins reste l’impact de la parentalité sur leur carrière. Selon les auteurs de l’étude, il est essentiel que les politiques publiques soutiennent davantage les femmes après l’arrivée d’un enfant, en développant notamment des solutions de garde plus accessibles et une meilleure répartition des congés parentaux.

Si la France ambitionne d’atteindre le plein emploi, ces défis devront être relevés. Une meilleure insertion des jeunes, une poursuite de l’augmentation du taux d’emploi des seniors et un renforcement des dispositifs d’accompagnement pour les femmes pourraient permettre d’inverser cette tendance et de redonner une dynamique au marché du travail.

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