Après l'annonce du Président de la République de l’abandon de l’initiative de la vente à perte de carburant, les représentants de la filière des carburants ont été conviés à Matignon par la Première ministre, Elisabeth Borne, pour discuter de la vente à prix coûtant du carburant. La réunion se tiendra aujourd’hui à 17 h 30 en présence des distributeurs, des raffineurs et des fédérations professionnelles.
En effet, le gouvernement a fait appel aux représentants de la filière des carburants, mais les effets concrets de cette démarche à la pompe ne seraient pas garantis. C’est en tout cas ce qu'estiment plusieurs acteurs du secteur, à l’instar de Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD), qui prévoit que cet appel aura un impact limité : « plusieurs enseignes la pratiquent déjà de manière régulière ».
Les 2 400 stations indépendantes estiment, de leur côté, que cette mesure est impossible à appliquer. Francis Pousse, président du syndicat professionnel Mobilians, représentant 5 800 stations-service hors grandes surfaces, s’est exprimé à ce sujet : « on va continuer à creuser les écarts avec nous, les fameux 2 400 qui n'avons pas les moyens d'avoir notre bouclier tarifaire comme chez les 3.400 de chez TotalEnergies, qui a déjà mis en place un plafond de 1,99 euro par litre ». Patrice Geoffron, professeur à l'université Paris-Dauphine et directeur de l'équipe énergie-climat, a, quant à lui, tenu à souligner que la grande distribution vend les carburants avec des petites marges de quelques centimes. Par conséquent, « Ce sera assez marginal… et ça ne changera pas la donne, d'où le fait de ressortir un chèque carburant », a-t-il conclu.
Vente à prix coûtant du carburant : une mesure insuffisante ?
Pour rappel, le Président de la République a dévoilé dimanche une aide directe de 100 euros par voiture et par an réservée aux travailleurs modestes. Une initiative qui consiste en réalité en la reconduction de l’indemnité carburant pour les travailleurs, instaurée en début d'année 2023, comme l'a précisé le ministère de l'Économie. Cette mesure entrera en vigueur au début de l'année 2024, après son approbation par le Parlement, et son montant est estimé à environ 500 millions d'euros.
Bercy affirme que cela équivaut à une aide de 20 centimes par litre pendant six mois, pour un conducteur qui parcourt 12 200 km par an dans une voiture qui consomme 6,5 litres aux 100 km. Les observateurs interrogés par l'AFP y voient cependant une estimation pleine d'espoir. Francis Pousse estime, par exemple, que « 100 euros, ça correspond à dix centimes d'aide annuelle pour quelqu'un qui roule 12.000 kilomètres, ce qui est la moyenne nationale des Français ».