Le consommateur français, à la recherche constante de réduire sa facture d’électricité, devra bien se préparer pour s’adapter à de nouvelles habitudes quotidiennes. Une réforme en vue du système des heures creuses dans la grille tarifaire prévoit de basculer ces dernières vers la journée. Explication.
Le changement n’est pas pour l’immédiat, mais la réflexion est en phase d’élaboration et l’entreprise déjà amorcée. La commission de régulation de l’énergie (CRE) a d’ores et déjà engagé Enedis, une filiale de l’EDF, chargée de la gestion et de l’aménagement de la majeure partie du réseau de distribution d’électricité en France, à revoir le système de tarification en place. Il s’agit, selon une information des Echos, de revoir la répartition heures creuses – heures pleines « pour mieux s’adapter à l’essor de la production de l’énergie solaire ».
Dit clairement, la réforme consistera à basculer les tranches horaires dites creuses, où l’électricité est proposée à des tarifs moindres, en journée, où la production de l’énergie solaire serait à ses niveaux les plus rentables. En effet, pour le producteur, il serait plus rentable d’encourager le client à consommer cette énergie directement au lieu de recourir à son stockage et ainsi faire face à des coûts supplémentaires.
60 % des abonnés ressentiront ce basculement sur leurs factures d'électricité
Cela va chambouler des millions de Français qui ont déjà pris pour habitude d’organiser leur consommation en électricité en fonction de la répartition présente des heures creuses pour faire des économies sur leurs factures. Ils sont, en effet, quelque 15 millions d’abonnés, soit 60 % de ces derniers, à souscrire ce type de contrat, 15 % moins cher, et s’être habitués à programmer le lancement de leurs machines de nuit entre 20 h et 8 h, par exemple, pour échapper aux tarifs pleins. C’est la grille mise en place « à une époque où l'électricité nucléaire était majoritairement produite la nuit », explique TF1.
Désormais, la CRE « demande au fournisseur d’électricité de concentrer, à l’avenir, ces heures creuses en pleine journée au printemps et pendant l’été, entre 11 h et 17 h », soit durant les pics de production. « Vous avez deux solutions pour prendre en compte la production solaire. Soit vous stockez dans des batteries, mais c’est cher et pas forcément rentable. Ou bien vous demandez aux clients de consommer à un autre moment de la journée, et ça, quelque part, c’est gratuit, mais c’est tout aussi efficace », explique Jérémie Haddad, expert en énergie chez EY Consulting au média.
Il convient de signaler que la CRE envisage la mise en place du nouveau système tarifaire « d’ici deux ou trois ans ». Pour Yannick Jacquemart, directeur des nouvelles flexibilités pour le système électrique chez RTE (Réseau de transport d'électricité), cité par la même source, « ce sera durable, sur dix, quinze ou vingt ans. C’est une nouvelle habitude qu’il faut qu’on prenne. Une nouvelle façon de consommer de l’électricité ».