Le secteur de l'immobilier en France est touché de plein fouet par la hausse des taux d'intérêt. En septembre, les taux d'usure a connu sa huitième hausse consécutive, après celles d'août, juillet, juin, mai, avril, mars et février. Cette tendance ascendante a entraîné une élévation du coût des crédits immobiliers.
Ainsi, selon les chiffres publiés au Journal officiel, les nouveaux taux de l'usure pour le mois de septembre sont de 4,23% pour les prêts de moins de 10 ans, 5,28% pour les prêts de 10 ans à moins de 20 ans et enfin 5,56% pour les prêts sur 20 ans et plus. Ces taux élevés impactent considérablement le secteur de l'immobilier. D'ailleurs, plusieurs experts alertent sur une crise latente dans le bâtiment. Ce mardi 19 septembre, le gouverneur de la Banque de France a tenu à relativiser cette crise lors de son passage sur BFMTV-RMC.
En effet, François Villeroy de Galhau a expliqué que même si le crédit immobilier était aujourd'hui plus cher, il restait accessible au Français : « Quand il n'y avait pas assez d'inflation, les taux étaient entre 1% et 1,5%, ce qu'on n'avait jamais vu. Les Français ont pris des crédits massivement et c'est très logique. Aujourd'hui, les taux de crédit immobilier sont revenus entre 4 et 5%, ce qui est à peu près les niveaux d'avant 2015 », a-t-il indiqué.
François Villeroy de Galhau souligne qu'un crédit plus cher ne signifie pas des banques plus frileuses. Il affirme que contrairement à ce qui se dit concernant le recul des crédits, « il n'y a pas de raison que les Français ne puissent pas avoir de crédit immobilier. Les banques continuent de faire crédit, et nous serons très attentifs avec Bruno Le Maire à ce que les banques continuent à faire crédit. Il faut que la production de crédits immobiliers se stabilise et reparte ».
« Il y a un petit malentendu... les Français ont l'impression que les banques ne font plus crédit »
Cependant, l'octroi de crédits est soumis à deux conditions, selon le gouverneur de la banque de France : « la première est la demande des Français. Certains de nos concitoyens attendent pour réaliser leur projet immobilier. Il y a eu beaucoup de projets immobiliers, plus que d'habitude, réalisés il y a 2 ans avec ces taux très favorables. Aujourd'hui, il y a pas mal de Français qui attendent que les prix se stabilisent ou baissent, et ça devrait se passer ».
La deuxième condition « est que les banques continuent à faire des crédits. Je crois qu'elles le font. D'ailleurs, la production de crédits immobiliers en France a moins baissé qu'en Allemagne, en Italie, en Espagne. Mais il faut que toutes les mesures que nous avons prises avec le ministre pour favoriser cette offre de crédits (stabilisation du taux de livret A, relèvement mensuel du taux d'usure) portent leurs fruits », détaille-t-il.
Pour le gouverneur de la Banque de France, la question des crédits immobiliers est mal médiatisée. « Les banques nous disent qu'elles continuent de faire du crédit immobilier. Il y a un petit malentendu parce que c'est vrai que les Français ont l'impression que les banques ne font plus crédit, ça n'est pas le cas. Et nous serons très attentifs à ce que cette offre de crédits continue. Allez demander du crédit immobilier à vos banques, elles sont en position de le faire. Je crois qu'elles souhaitent le faire dans l'ensemble. Il n'y a pas de raison d'attendre à cause du crédit, il est disponible. Il est plus cher qu'avant mais il n'est pas plus rare », explique-t-il.
Il faut dire que le recul des crédits immobiliers est une réalité que même la Banque de France a confirmée. Le nombre de prêts accordés a atteint un niveau historiquement bas. Selon les données de la Banque de France, au mois d'août, le montant total était de 11,1 milliards d’euros en juin, contre 19 milliards un an plus tôt, soit un recul de 41 % sur une année.