Fin juillet, l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) a publié un rapport qui présente les nouvelles estimations du coût économique et social de la consommation de drogues, qu'elles soient licites ou illicites, en France. Par « drogues », l'OFDT fait référence à toutes les substances dont la consommation entraîne une addiction.
Le tabac, la drogue qui coûte le plus cher à la France
Le tabac est le produit addictif qui coûte le plus cher à la société française, avec 156 milliards d'euros par an. Il est suivi par l'alcool, dont le coût est estimé à 102 milliards d'euros. Les drogues illicites, quant à elles, représentent un coût de 7,7 milliards d'euros. La consommation de ces drogues, mises bout à bout, coûte, au total, 266 milliards d'euros annuels à l'État français.
Ces chiffres de l'OFDT prennent en compte le coût des vies perdues, ainsi que la perte de la qualité de vie et de productivité sur le marché du travail. Ils englobent, également, les dépenses publiques de prévention, de répression et de soins. Cependant, ces chiffres sont tempérés en déduisant les taxes sur l'alcool et le tabac, mais aussi les retraites non versées.
Une consommation de drogues en baisse
L'étude de l'OFDT se base sur les données épidémiologiques et sanitaires de 2019. Elle fait suite à une précédente étude, menée en 2010, qui estimait déjà le coût social de la consommation de drogues en France à 210 milliards d'euros. Il est à noter que la consommation d'alcool et de tabac s'est réduite en France au cours des dernières années. Concernant l'alcool, sa consommation entre 2010 et 2018 a baissé de 4 litres par personne et par an pour passer à 80 litres. Pour ce qui est du tabac, sa consommation a été divisée par deux depuis 2000.
Cette étude fait également voler en éclats le mythe selon lequel les recettes des taxes imposées par l'État sur la consommation d'alcool et de tabac seraient supérieures aux dépenses en soins ou en prévention. En 2019, la taxation de l'alcool et du tabac ont rapporté respectivement 4 et 13 milliards d'euros à l'État français. La facture du coût des traitements s'élève à 7.8 milliards d'euros pour l'alcool et à 16,5 milliards d'euros pour le tabac.
L'étude de l'OFDT révèle, également, que ce sont bien les pertes en vies humaines et la baisse de productivité, qui en découle, qui pèsent lourd dans la facture du coût social. Elles représentent, à elles seules, une perte de près de 258 milliards d'euros en 2019.
Pierre Kopp, qui a mené la réalisation de cette étude, propose quelques pistes de réflexion. La légalisation du cannabis et la création d'une taxe conséquente liée à sa consommation font partie des solutions qu'il préconise. Il suggère, aussi, une nouvelle augmentation du prix du tabac. « On sait que l'augmentation des prix, à condition qu'elle soit régulière, provoque une diminution de la consommation, notamment chez les jeunes et ceux qui tentent pour la première fois », souligne-t-il.