L’économie française patine. Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, avait annoncé la révision de la croissance économique à la baisse (de 1,4 à 1%). Ce recul a de lourdes conséquences sur l’économie du pays, puisqu’un plan pour récupérer 10 milliards d’euros en une année a été avancé par le ministre.
Ce plan d’« austérité » touche plusieurs secteurs. Le ministre de l’Économie avait indiqué que la moitié des économies se fera grâce à la « contribution de tous les ministères… Ça peut être sur l’immobilier, l’énergie, les achats ». L’autre moitié sera récupérée en ciblant les politiques publiques. Le plan du ministre prévoit notamment de « réduire l’aide au développement de près d’un milliard d’euros » et l’aide à la rénovation énergétique MaPrimeRénov’ d’un autre milliard d’euros.
Pour réaliser ces économies, l’exécutif devra donc revenir sur certains engagements. Dans le secteur de la recherche, le président Emmanuel Macron avait promis, à fin 2023, des moyens plus conséquents en réponse aux réclamations des chercheurs.
Finalement, cet engagement ne sera visiblement pas respecté. En effet, le secteur fait partie de ceux qui seront les plus touchés par les coupes budgétaires. Pour 2024, l’enseignement supérieur devra être amputé de 904 millions d’euros dont l’essentiel était destiné à la recherche. Face à ces coupes, les chercheurs français s’insurgent et dénoncent un double langage de l’exécutif.
Boris Gralak, secrétaire général du SNCS-FSU, le syndicat des chercheurs scientifiques, s’est exprimé sur le sujet dans une intervention à RFI. « D’une part, on a le président Emmanuel Macron qui nous a fait un discours le 7 décembre dernier, en nous disant que la recherche était importante, qu’ils allaient rattraper les investissements dans la recherche. Donc on a des discours comme ceux-là d’un côté, par le président lui-même. Et de l’autre côté, dans les faits, ce sont des coupes budgétaires énormes. C’est presque 5 % de coupes budgétaires ! », déplore-t-il.
L’annonce du gouvernement laisse donc les chercheurs sans voix. « On est totalement sidérés par ces annonces. Et c’est la recherche qui paie le plus lourd tribut, et vraiment de loin, puisque sur ces 900 millions, il y a 380 millions d’euros en moins pour les organismes de recherche. Donc 380 millions d’euros en moins, c’est vraiment incompréhensible, inouï… », s’insurge encore Boris Gralak.
Il faut dire que les universités comptent réagir aux annonces du gouvernement. Dans cette optique, l’université Jean-Moulin Lyon-3 a enclenché la procédure de saisine du Conseil d’État. Les responsables de cette institution estiment, en effet, qu’une telle mesure devait passer par un vote au Parlement.
Vers un mouvement de protestation contre les coupes dans le budget
Eric Carpano, le président de cette université, déclare à l’AFP que « le gouvernement a choisi d’outrepasser ses compétences et de contourner le Parlement en modifiant, au-delà des plafonds prévus par la loi, le budget de la Nation ». « L’éducation, l’enseignement supérieur, la recherche et la transition écologique sont les principales victimes de ce désengagement de l’État », estime encore le président de l’université, dénonçant « une erreur manifeste d’appréciation » et des « choix politiques contraires aux intérêts de la jeunesse et à la nécessaire préservation du climat ».
Il faut donc s’attendre à des mouvements de grève et de protestation prochainement. D’ailleurs, l’intersyndicale Fonction publique, la FSU, appelle à une grève pour la journée du mardi 19 mars en vue de défendre de meilleures conditions de travail et de rémunération face aux coupes budgétaires.
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