Chômage : pourquoi les femmes seniors sont les grandes oubliées du marché du travail

Les femmes seniors au chômage cumulent les discriminations liées à l’âge et au genre, selon les dernières données du Défenseur des droits.

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Femme âgée assise, tête baissée dans ses mains, exprimant la détresse ou l’épuisement.
Chômage : pourquoi les femmes seniors sont les grandes oubliées du marché du travail | Econostrum.info

L’insertion professionnelle des travailleurs seniors reste un défi persistant sur le marché du travail français. Mais pour les femmes de plus de 50 ans, les difficultés sont encore plus marquées. Elles se heurtent à une double discrimination, liée à l’âge d’une part, au genre d’autre part. Le dernier baromètre du Défenseur des droits met en lumière cette inégalité persistante.

En France, près de 25 % des personnes âgées de plus de 55 ans disent avoir été discriminées en raison de leur âge dans leur parcours professionnel. Les seniors sont souvent confrontés à des stéréotypes : manque de dynamisme, difficulté supposée à s’adapter aux technologies, ou encore coût salarial jugé trop élevé. Cette image négative conduit de nombreux recruteurs à écarter les candidatures des profils expérimentés, sans véritable évaluation des compétences.

Face à ces blocages, 66 % des seniors déclarent s’autocensurer dans leurs démarches, allant jusqu’à postuler à des postes en dessous de leurs qualifications. Cette mise à l’écart contribue à renforcer un sentiment d’inutilité sociale, à un moment où ces travailleurs se situent parfois à moins de dix ans de la retraite.

Des femmes particulièrement exposées

Pour les femmes seniors, les chiffres sont encore plus alarmants. 26 % d’entre elles rapportent avoir subi des discriminations fondées sur l’âge. Ce taux s’explique notamment par des parcours professionnels marqués par des interruptions liées à la maternité, qui freinent l’évolution de carrière. À cela s’ajoute une nécessité accrue de cotiser plus longtemps, notamment depuis les dernières réformes des retraites.

Le rapport cite également les représentations sociales différenciées : avec l’âge, les hommes sont perçus comme plus compétents, tandis que les femmes perdent en crédibilité, comme l’évoque un spécialiste des questions de genre, dans l’un de ses ouvrages. Cette perception nourrit un système de recrutement basé sur l’apparence et la projection, au détriment de l’expérience accumulée.

Vers un changement de culture ?

Face à cette réalité, le Défenseur des droits recommande d’intensifier la sensibilisation à l’inclusivité au sein des entreprises. Encourager la diversité des âges dans les équipes, reconnaître la valeur des parcours longs et lutter contre les biais inconscients sont autant de leviers identifiés.

Le Journal des seniors souligne la nécessité de faire valoir ses droits en cas de discrimination avérée, tout en plaidant pour une révision des pratiques RH dans un contexte où l’âge de départ à la retraite est reculé et où la population active vieillit. L’égalité de traitement dans l’accès à l’emploi, notamment pour les femmes seniors, demeure un enjeu central de justice sociale et d’équilibre économique.

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