Pour faire face à la flambée des prix des carburants, le gouvernement envisage de mettre en œuvre une mesure pourtant interdite en France : la vente à perte. Le but étant de faire baisser les prix à la pompe pour les automobilistes, mais dans les faits, de combien de centimes le prix du litre va-t-il réellement baisser ?
La vente à perte de carburants est la solution que l'exécutif a pris la décision d'autoriser pour contrer la flambée des prix. La mesure fait jaser et beaucoup prévoient sa non-efficacité, mais le gouvernement campe sur ses positions. C’est à partir du mois de décembre et pour une durée de 6 mois que cette opération sera lancée. Le porte-parole du gouvernement, Olivier Veran, prévient : « On ne dit pas que l’essence va tomber à 1,40 euro dans toutes les stations pendant six mois. On dit qu’il peut y avoir des opérations commerciales" pour les automobilistes qui "ne peuvent plus faire le plein ».
Dans les faits, Olivier Véran prévoit une baisse de 50 centimes par litre, affirmant que ceux qui le souhaitent et ceux qui le peuvent pourront vendre de l’essence à prix cassé, pratique portant interdite depuis 1963 en France. De son côté, Pieyre-Alexandre Anglade, président de la commission des Affaires européennes à l'Assemblée nationale, a émis le même discours : « Si l’on va jusqu'à 25 % de diminution par rapport au prix de vente, ça peut aller jusqu'à 47 centimes d’économisés sur un litre d'essence, c'est un geste considérable».
Vente à perte des carburants : des répercussions sur les prix de l’alimentation?
Selon un haut fonctionnaire de Bercy qui a tenu à rester anonyme, cité par Le Parisien le 18 septembre, une réduction de 50 centimes par litre d'essence vendu dans une station-service serait « délirante », sachant que la marge bénéficiaire nette des stations-service se situe généralement entre un et deux centimes d'euro par litre vendu à la pompe. Un autre effet redouté de cette mesure serait la flambée des prix de l’alimentation.
Plusieurs experts soutiennent que si les chaînes de distribution devaient s'engager dans une concurrence acharnée sur les prix des carburants et accepter des pertes financières dans ce secteur, elles chercheraient inévitablement à compenser ces pertes ailleurs. Et cela se répercuterait forcément sur les prix des produits alimentaires. En outre, la possible autorisation temporaire de la vente à perte suscite des inquiétudes parmi les petites stations-service, qui redoutent une concurrence accrue de la part des grandes surfaces. Cette mesure est jugée peu viable sur le plan économique pour les distributeurs indépendants, car ils ne pourront pas compenser les pertes liées à cette activité par le biais d'autres sources de revenus, en particulier les produits alimentaires.