Actuellement, ce ne sont que 550 personnes qui vivent encore de la pêche en Belgique. Avec des restrictions de plus en plus nombreuses, les 55 chalutiers belges ne cachent pas leur désarroi face à une situation qui les pénalise considérablement.
Depuis les années 90, le secteur de la pêche belge a dû s'adapter aux quotas imposés en Europe, et cela devrait se poursuivre en 2024. En effet, pour cette année, les pêcheurs belges sont dans l'obligation de réduire de 60% leur quota de pêche de soles, ce qui pourrait nous acheminer vers une nouvelle pénurie. Une décision qui provoque aussi la colère des principaux intéressés, car cette variété de poisson très appréciée dans le pays représente une source de revenus considérable pour les pêcheurs belges. « Ils vont tout simplement baisser nos opportunités de pêche sans qu’il y ait une preuve qu’il y a un problème. Et là, de temps en temps, ils se trompent. Une partie des décisions politiques sont prises sur base scientifique mais avec beaucoup de données qui manquent et sont incorrectes », déplore Emiel Brouckaert, de la Rederscentrale (Fédération des armateurs).
De plus en plus de pression sur les pêcheurs belges
Bien qu'ils ne soient pas très nombreux, les pêcheurs belges font face à de plus en plus de pressions de la part de l'Union européenne. Il faut dire que pour faire face à la surpêche, l'Europe est particulièrement vigilante. Car depuis quelques années, les stocks de poissons sont en baisse. « Les flottes ont été progressivement supprimées et les quotas de pêche ont été respectés. La plupart des stocks de poissons s’étaient réellement reconstitués et semblaient en assez bonne santé. 2015-2016 a, en fait, été la période où je me suis dit que nous en avions fini avec cela. Ça a marché. Les stocks de poissons se portaient bien. Mais depuis lors, les stocks de poissons ont systématiquement diminué, pas tous, mais une certaine partie », détaille Hans Polet, chercheur de l’Institut de recherche agricole, halieutique et alimentaire (Ilvo) dans une déclaration à la RTBF.
Depuis plusieurs années, Hans Polet est en contact permanent avec les pêcheurs. Pour le chercheur, leur colère est totalement justifiée, « tout se décide au-dessus de leurs têtes », dit-il. « Les administrations européennes imposent ces mesures, les rendent obligatoires alors que ce n’est effectivement plus viable pour le pêcheur. Et c’est une situation très proche des agriculteurs » affirme encore le chercheur.
Pour dépasser cette situation complexe, le chercheur « plaide pour davantage de consultations et de coopération. Surtout davantage de coopération entre la politique, le secteur de la pêche et la science. Et c’est effectivement ce que nous faisons en Belgique depuis plus de dix ans », estime-t-il.