Depuis plusieurs années, la Belgique profitait d’une réglementation plus souple et de prix plus bas que ses voisins français, attirant ainsi une grande partie des fumeurs français à la recherche de cigarettes moins chères. Cependant, la donne a changé avec la mise en place de nouvelles restrictions fiscales et législatives.
Le gouvernement belge a adopté une série de mesures visant à restreindre l’accès au tabac et à décourager sa consommation. Depuis le début de l’année 2025, la Belgique a introduit des hausses d’accises (taxes) sur les produits du tabac, rendant les prix moins compétitifs face à la France.
Les buralistes, qui vivaient essentiellement grâce à la clientèle française, subissent de plein fouet cette évolution. À Hertain, un village belge proche de la frontière, le commerce du tabac connaît un déclin inquiétant. « Depuis la dernière augmentation des accises, j’ai perdu 60 % de ma clientèle française et je n’ai jamais eu de clients belges », raconte Christian, propriétaire du Noir Pignon, selon 20 minutes. La situation est similaire pour Mohammed, propriétaire de l’Europak Tabak, qui estime sa perte à environ 50 % de ses clients.
Des restrictions de plus en plus sévères
Outre les hausses de taxes, la Belgique a mis en place des mesures strictes concernant la vente et la consommation de tabac. Dès le 1er avril 2025, le gouvernement a instauré une interdiction totale d’exposer les produits de tabac de manière visible dans les magasins. Cette nouvelle règle impose aux buralistes d’adapter leur point de vente, avec des solutions de stockage souvent coûteuses et peu pratiques.
Christian, qui a dû investir 120 000 euros dans des machines de distribution automatiques, souligne les difficultés rencontrées : « Les machines sont lentes et il faut faire des tas d’aller-retour pour servir les clients », rapporte le média.
Les restrictions ne s’arrêtent pas là. Des interdictions de fumer dans certains espaces publics, notamment autour des écoles, des hôpitaux et des bibliothèques, ont également été mises en place. La vente de cigarettes jetables a été proscrite, tout comme les points de vente temporaires. De plus, certains magasins alimentaires de plus de 400 m² ne peuvent désormais plus vendre de tabac. Ces mesures contribuent à rendre l’achat de cigarettes de plus en plus contraignant, un facteur dissuasif pour les fumeurs, y compris ceux venant de France.
Une réorganisation nécessaire pour les buralistes
Face à la chute du nombre de clients, les derniers buralistes de la région, comme Christian et Mohammed, sont contraints de se réorganiser. Pour survivre, ils doivent désormais diversifier leur offre. Christian, par exemple, mise sur la vente de bière et de bonbons. « D’autres poisons », ironise-t-il, faisant allusion à la substitution de produits.
Mohammed, quant à lui, s’est tourné vers la vente d’articles de maison comme des oreillers et de la vaisselle, tout en refusant de vendre de l’alcool. Ces ajustements ne suffisent cependant pas à compenser la perte de revenus liée à la clientèle de fumeurs.
Dans ce contexte difficile, les stations-service de la région, bien qu’en concurrence avec les buralistes, ne suffisent pas à combler le vide. De plus, les fumeurs se tournent désormais vers le Luxembourg, où les prix du tabac sont bien plus bas et où les taxes restent faibles. D’après la même source, Mohammed déplore : « Là-bas, ça n’augmente pas, ou peu. Le tabac est environ à moitié prix ». Cette situation met en évidence l’érosion de la compétitivité de la Belgique, qui, jadis une destination prisée des fumeurs français, a perdu son attrait.