Sommet de l’OTAN à La Haye : la Belgique confrontée à un défi financier de taille

La Belgique est confrontée à un dilemme financier face aux exigences de l’OTAN, qui pourrait nécessiter des compromis sur ses dépenses militaires.

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La Belgique à L'OTAN
Sommet de l'OTAN à La Haye : la Belgique confrontée à un défi financier de taille : Crédit : Canva | Econostrum.info - Belgique

Le sommet de l’OTAN, prévu à La Haye les 24 et 25 juin, s’annonce comme un moment clé pour l’avenir de l’Alliance atlantique. Les 32 membres de l’organisation, unis face à des menaces géopolitiques croissantes, se préparent à un engagement financier sans précédent. 

Pour la Belgique, cet engagement se traduit par un objectif ambitieux : consacrer 5 % de son produit intérieur brut (PIB) à la défense. Si cette demande provient des États-Unis, notamment de Donald Trump, elle met en lumière les défis budgétaires et politiques du pays. Atteindre cet objectif n’est pas simple, d’autant plus que la Belgique peine encore à respecter l’objectif de 2 % qu’elle avait déjà promis à ses alliés.

La pression américaine : 5 % ou rien

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, les attentes en matière de dépenses militaires ont évolué. Le président américain a clairement fait savoir qu’il attendait des alliés un effort supérieur à celui de 2 % du PIB pour la défense. Pour lui, la barre est désormais fixée à 5 %. Si cette exigence semble faire écho à la nécessité de renforcer la défense face à la Russie et à d’autres menaces, elle place les pays européens dans une position délicate. Pour la Belgique, qui avait déjà consenti un investissement supplémentaire de 3,9 milliards d’euros cette année pour atteindre les 2 %, franchir la barre des 5 % relève du casse-tête financier.

Le gouvernement belge, sous la direction du ministre de la Défense, Theo Francken, a déjà envisagé plusieurs solutions pour atteindre cet objectif. L’une des pistes les plus sérieuses est de diviser les dépenses en deux catégories : 3,5 % pour des dépenses militaires directes et 1,5 % pour des projets d’infrastructures favorisant le transit de troupes au sein de l’Alliance. Francken et d’autres responsables politiques plaident également pour que l’aide à l’Ukraine soit incluse dans le calcul des dépenses militaires collectives de la Belgique. Ce compromis pourrait offrir une certaine flexibilité, mais il n’est pas sans risques. Sven Biscop, directeur du programme « L’Europe dans le monde » à l’Institut Egmont, a souligné que cette flexibilité pourrait rapidement devenir une source de tensions avec certains alliés, notamment les États-Unis., relate Sudinfo

Un délai irréaliste pour atteindre les objectifs

Malgré les efforts déployés pour satisfaire aux exigences de l’OTAN, le délai fixé pour atteindre 5 % du PIB, notamment l’objectif de 2032, soulève des interrogations. Le ministre de la Défense belge estime qu’un tel objectif est tout simplement irréaliste. La Belgique, comme d’autres pays européens, fait face à un niveau d’endettement élevé, ce qui complique les possibilités d’investissement dans la défense à court et moyen terme.

Maxime Prévot, ministre des Affaires étrangères, a également exprimé ses réserves lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’OTAN, soulignant que la Belgique ne pouvait « décemment » souscrire à des objectifs aussi ambitieux. Bien que la Belgique souhaite rester un partenaire fiable de l’OTAN, la situation économique du pays rend difficile une augmentation drastique des dépenses militaires dans les délais impartis. Sven Biscop va même plus loin en affirmant que le chiffre de 5 % n’est en réalité qu’un « fétiche » pour Donald Trump, sans fondement concret. Selon lui, un objectif de 3,5 % serait bien plus réaliste et correspondrait aux dépenses militaires des membres de l’OTAN durant la guerre froide.

Pour la Belgique, la question reste ouverte. Doit-elle s’engager pleinement sur la voie des 5 %, quitte à déstabiliser son budget, ou choisir une approche plus mesurée, en restant fidèle à ses engagements, mais en prenant en compte les réalités économiques du pays ? L’issue du sommet de La Haye pourrait bien déterminer la direction à suivre.

La Belgique se trouve donc à un carrefour, entre ses obligations vis-à-vis de l’OTAN et les contraintes économiques internes. Le sommet de l’OTAN pourrait offrir une réponse à cette question.

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