Solidaris, l’une des principales mutualités de Belgique francophone, envisage de solliciter le statut d’entreprise en difficulté pour sa branche wallonne. Cette démarche vise à permettre le recours à des départs anticipés pour certains membres du personnel de plus de 60 ans.
La nouvelle, révélée par un courrier interne, a provoqué un vif émoi parmi les employés. Ce projet de réorganisation s’inscrit dans un contexte de pression budgétaire croissante, sans toutefois remettre en cause les missions de l’institution.
Une procédure en cours pour alléger la masse salariale
Solidaris-Wallonie, qui regroupe les cinq mutualités régionales du sud du pays, s’apprête à demander officiellement le statut d’entreprise en difficulté auprès du SPF Emploi. Cette procédure, encore en attente d’approbation, permettrait à l’organisation d’activer un dispositif de chômage avec complément d’entreprise (anciennement prépension) pour certains travailleurs âgés de 60 ans ou plus. Cette mesure ne serait applicable qu’en cas d’accord formel des autorités compétentes.
Selon le porte-parole Bruno Deblander, 137 personnes pourraient être éligibles à ce plan, qui reposerait sur le volontariat, a rapporté Le Soir. Il ne s’agirait donc pas d’un licenciement collectif, mais d’un mécanisme de départ anticipé, conçu pour ajuster la masse salariale sans imposer de coupes brutales. Cette initiative vise à améliorer la soutenabilité financière de la mutualité tout en respectant ses engagements sociaux.
La direction précise que ce processus n’a rien d’automatique et ne concerne pour l’instant que les mutualités wallonnes, laissant de côté les entités bruxelloises ou flamandes. Elle insiste aussi sur le fait que les services rendus aux affiliés ne sont pas remis en question, malgré les contraintes budgétaires. Les départs seraient compensés par une redéfinition des fonctions et une adaptation de l’organisation interne.
Un climat d’incertitude parmi le personnel
L’annonce a été perçue comme brutale par une partie du personnel. Le courrier interne, qui a fuité prématurément, a créé une onde de choc dans les équipes locales, provoquant inquiétude et incompréhension. Plusieurs syndicats ont dénoncé un manque de transparence dans la communication et regrettent de ne pas avoir été pleinement consultés en amont. Pour eux, la gestion du dossier soulève des questions sur la gouvernance actuelle de la mutualité.
Cette décision intervient dans un contexte de transformation du secteur mutualiste, confronté à une baisse progressive des recettes et à une évolution des attentes des affiliés. Les mutualités doivent désormais composer avec des contraintes budgétaires renforcées et une digitalisation accélérée, qui bouscule les modèles traditionnels basés sur la proximité physique et les structures locales denses.
Dans le cas de Solidaris, la situation est aggravée par des frais de fonctionnement jugés trop élevés. La direction entend profiter de cette réorganisation pour rationaliser les structures sans nuire à la mission première de la mutualité, à savoir l’accès à des soins de santé accessibles et de qualité. Un audit externe a été lancé pour accompagner cette transition, avec des résultats attendus dans les prochains mois.
La mutualité souhaite désormais ouvrir un dialogue constructif avec les représentants syndicaux afin de préciser les contours de ce plan et d’apaiser les tensions internes. Le maintien de la qualité de service, la stabilité de l’emploi pour les plus jeunes et l’adaptation aux nouvelles réalités économiques seront au cœur de ce processus.