Longtemps utilisé, entre autres, pour traiter les maux de tête ou la fièvre, Sinutab pourrait bientôt être interdit à la vente en raison des effets secondaires graves qu’il entraîne. Une prescription pourrait également être requise à partir du 1er novembre prochain.
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) avait été claire dès octobre 2023 : il était hors de question de prescrire un médicament décongestionnant contre le rhume. Selon l’agence, ces médicaments peuvent entraîner de forts risques d’AVC. Testachats, l’organisation belge de défense des consommateurs, soutient pleinement cette position et réclame le retrait de Sinutab du marché.
Sinutab : vecteur potentiel d’AVC ?
Pour rappel, Sinutab contient de la pseudoéphédrine, un décongestionnant nasal, ainsi que du paracétamol, un analgésique qui soulage les douleurs et fait baisser la fièvre. Ce qui est pointé du doigt, c’est la pseudoéphédrine, car elle provoque une constriction temporaire des vaisseaux sanguins du nez. Contrairement à d’autres médicaments présents sur le marché, la dose de pseudoéphédrine dans Sinutab est plus élevée que dans des produits comme Therafixx-Capitanasal (60 mg) et ParasinEG (30 mg).
Bien que cet effet soit utile pour traiter les rhumes, la pseudoéphédrine augmente également la fréquence cardiaque tout en rétrécissant les vaisseaux sanguins du nez et ceux situés autour du cœur, ce qui accroît les risques d’AVC à long terme. « Dans tous les cas, la pseudoéphédrine est un ingrédient dangereux », confie le professeur de médecine générale Dirk Devroey (VUB) à Het Laatste Nieuws.
Vers une obligation de prescription à partir du 1er novembre
Il convient de noter que Sinutab figure parmi les 40 médicaments les plus vendus en Belgique. Les patients sont d’ailleurs tenus de signer un formulaire précisant qu’ils sont « conscients » des dangers d’un usage inapproprié ou excessif.
Alors que l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé (AFMPS) s’oriente vers une obligation de prescription pour Sinutab, Testachats estime que cette mesure est insuffisante pour un médicament de cette ampleur et demande plutôt son interdiction. L’organisation explique également qu’un rhume disparaît de lui-même et ne justifie pas la mise sur le marché d’un médicament aux effets secondaires aussi graves, même si ceux-ci restent rares.
Selon le professeur, ce médicament n’accélère pas nécessairement la guérison. D’ailleurs, la durée d’un rhume varie considérablement selon les patients. L’obligation de prescription pourrait inciter les médecins généralistes à évaluer plus attentivement l’état de leurs patients et à faire preuve de vigilance, notamment pour les personnes âgées ou souffrant de problèmes cardiaques.
