Le débat sur la réforme des pensions connaît un nouveau rebondissement avec les critiques formulées par la FGTB contre le simulateur officiel du site mypension.be. L’outil, censé aider les citoyens à estimer leur départ à la retraite, ne parvient plus à intégrer les mesures prévues dans la future réforme portée par la coalition Arizona.
Le syndicat socialiste a réagi en créant sa propre plateforme pour interpeller les travailleurs sur les conséquences à venir. Ce bras de fer autour des calculs et des données révèle un enjeu central : la clarté des règles encadrant la pension anticipée à partir de 2027.
Un simulateur public dépassé par les intentions floues du gouvernement
Depuis janvier 2025, l’âge légal de la retraite en Belgique est fixé à 66 ans, mais de nombreux travailleurs peuvent encore envisager un départ anticipé selon des conditions précises. Le site officiel mypension.be reste le principal outil de référence pour connaître sa date de sortie, calculer le montant de sa pension et obtenir une estimation personnalisée. Pourtant, il est aujourd’hui dans l’incapacité d’intégrer les futurs changements annoncés dans le cadre de la réforme des pensions. Le simulateur ne peut anticiper les effets d’une loi qui n’a pas encore été votée.
Le gouvernement fédéral, sous l’impulsion du ministre des Pensions Jan Jambon (N-VA), travaille à un projet de réforme dont les grandes lignes ont été évoquées, mais qui reste à formaliser dans les textes législatifs. En l’absence de détails concrets, les calculs fournis par le site mypension.be sont incomplets. Il devient donc impossible de prévoir avec précision les nouvelles modalités de départ anticipé à partir de 2027, date d’entrée en vigueur des règles révisées. Pour les personnes qui approchent de la retraite en 2025 ou 2026, aucune modification n’est à prévoir, mais au-delà, l’incertitude domine.
C’est dans ce contexte que la FGTB a décidé de lancer sa propre initiative : un simulateur alternatif, hébergé sur le site mypension-arizona.be. Le syndicat y propose un module de calcul destiné à anticiper l’impact des mesures à venir sur la carrière des travailleurs. En se basant sur les éléments actuellement connus (date de naissance, nombre d’années de carrière avec au moins 156 jours par an, etc.), l’outil fournit une estimation du nouvel âge de départ. Mais il reste soumis aux mêmes limites que le simulateur officiel : l’absence de loi définitive empêche toute simulation totalement fiable.
Des écarts importants entre les chiffres officiels et ceux de la FGTB
La démarche de la FGTB va bien au-delà de l’information. En créant un outil concurrent à mypension.be, le syndicat entend attirer l’attention sur les effets potentiels de la réforme et mobiliser les travailleurs contre un allongement de la carrière jugé injuste. Le message est clair : alors que l’outil officiel se trouve neutralisé par l’incertitude législative, la FGTB veut remplir le vide en s’adressant directement aux citoyens. Elle interpelle : « À quel âge partirez-vous à la pension ? Que vous réserve le gouvernement ? »
Dans une étude publiée ce jeudi, la FGTB affirme que les données fournies par le gouvernement fédéral sur l’âge effectif de départ à la retraite sont biaisées. Le syndicat socialiste conteste notamment la manière dont les années de carrière sont comptabilisées pour déterminer l’éligibilité à la pension anticipée. Selon la législation en vigueur, une carrière complète permettant un départ anticipé commence à partir de 60 ans avec 44 années de travail, ou 61 ans avec 43 années, ou 62 ans avec 42 années. Ces critères sont censés garantir une certaine équité entre les travailleurs, mais la FGTB estime que la réalité est plus complexe.
Le point principal de friction réside dans le fait que les années dites assimilées — comme les périodes de chômage, de maladie ou de congé parental — ne sont pas toutes prises en compte de manière égale. Le gouvernement aurait appliqué une méthode de calcul qui exclut certaines de ces années, rendant ainsi plus difficile l’accès à la pension anticipée pour une part significative des travailleurs. À titre d’exemple, une personne ayant commencé à travailler à 18 ans et ayant connu des interruptions de carrière pourrait se retrouver à devoir travailler jusqu’à 64 ans malgré ses 46 années d’activité.
La FGTB appuie son analyse sur des exemples concrets et dénonce un écart « volontairement flou » entre les projections diffusées par l’exécutif et la réalité vécue par les salariés. Le syndicat accuse également les autorités de ne pas prendre en compte le facteur de pénibilité, alors que certains métiers usants physiquement devraient bénéficier d’un traitement différencié. La publication s’accompagne d’un appel à la transparence des méthodes de calcul et à une réforme plus juste des conditions de pension anticipée.