La situation de l’emploi reste préoccupante en Belgique, en particulier en Wallonie, où le nombre de demandeurs d’emploi a connu une augmentation notable. En septembre 2024, la région comptait plus de 238 000 chercheurs d’emploi, soit une hausse de 13 % par rapport à 2020.
Cette progression s’explique notamment par l’augmentation des inscriptions dites « libres », c’est-à-dire sans droit aux allocations. Parallèlement, certains secteurs peinent à recruter malgré une demande massive, à commencer par la construction, qui cumule à elle seule plus de 16 000 postes vacants.
Un secteur vital en tension permanente
La construction et l’installation constituent aujourd’hui un secteur central de l’économie belge, à la fois pourvoyeur d’emplois et moteur d’innovation technologique. Pourtant, selon une enquête d’Embuild, la fédération du secteur, près de 7 entreprises sur 10 (69 %) cherchent activement à embaucher. Pire encore, 91 % de celles qui souhaitent recruter déclarent rencontrer des difficultés sérieuses à trouver des candidats.
Ce déséquilibre entre l’offre et la demande génère des conséquences concrètes. Embuild indique que 22 % des entreprises démarrent leurs chantiers avec du retard et 14 % limitent leurs offres commerciales, faute de main-d’œuvre suffisante pour réaliser les projets. Pour tenter de faire face à cette pénurie, 38 % des sociétés sous-traitent à d’autres entreprises belges et 30 % font appel à des prestataires étrangers.
Au total, 16 224 postes sont vacants dans le secteur, tous niveaux confondus. Ces chiffres traduisent un besoin structurel de personnel qui dépasse largement les métiers traditionnels du bâtiment. La fédération souligne la diversité des profils recherchés, allant du travail manuel en chantier aux métiers du back-office comme la planification, la vente, l’administration ou le conseil juridique.
Dans un contexte où 8 878 travailleurs ont été concernés par des licenciements collectifs au cours des neuf premiers mois de 2024, le paradoxe est frappant. Un secteur en tension majeure est dans l’incapacité de répondre à la demande malgré un vivier de demandeurs d’emploi en croissance.
Une porte d’entrée pour les profils sans expérience
Pour pallier cette pénurie, Embuild mise sur l’inclusion de nouveaux talents, indépendamment de leur parcours professionnel. « Même si vous n’avez aucune expérience dans le secteur, vous êtes le bienvenu », affirme Niko Demeester, administrateur délégué d’Embuild. Le message est clair : la motivation et l’éthique de travail priment sur les diplômes. L’accompagnement est au cœur de cette politique : la formation est assurée en interne, permettant à des profils sans qualification de s’insérer progressivement.
Cette volonté d’ouverture s’accompagne d’une revalorisation de l’image du secteur. La fédération insiste sur la modernisation des métiers, qui ne se résument plus à la seule brique ou au béton. L’usage de technologies avancées, comme l’intelligence artificielle, les drones, la réalité virtuelle ou encore l’impression 3D, est de plus en plus courant sur les chantiers. Ces outils permettent de rendre le travail plus précis, plus rapide, plus sécurisé, mais aussi moins pénible physiquement.
Au-delà des métiers techniques, la construction offre aujourd’hui des perspectives dans des domaines aussi variés que le marketing, la communication ou encore la gestion de projet. Cette diversification représente un levier important pour attirer des jeunes diplômés ou des personnes en reconversion professionnelle.
Face à une conjoncture économique incertaine, marquée par une hausse du nombre de demandeurs d’emploi, la construction apparaît comme une opportunité stratégique pour rééquilibrer le marché du travail. Reste à savoir si les efforts de sensibilisation suffiront à convaincre un public encore réticent à se tourner vers un secteur perçu, à tort, comme exigeant et peu valorisant.