Les salaires des travailleurs belges ne verront aucune augmentation supérieure à l’indexation automatique avant 2027. Cette limitation résulte du cadre strict imposé par la loi de 1996 sur la compétitivité des entreprises.
Les négociations salariales sont ainsi bloquées, malgré l’inflation et la pression sur le pouvoir d’achat. Les tensions sociales restent vives, mais aucune modification du cadre légal n’est prévue à court terme.
Un cadre légal contraignant pour les augmentations salariales
En Belgique, l’évolution des salaires est régie par un mécanisme d’indexation automatique qui ajuste les rémunérations en fonction de l’inflation. Toutefois, les augmentations au-delà de cet ajustement sont soumises à des restrictions strictes imposées par la loi de 1996, qui vise à éviter un écart salarial excessif avec les pays voisins. Cette réglementation, basée sur un calcul de la « norme salariale », empêche toute hausse supplémentaire des salaires si elle met en péril la compétitivité des entreprises belges face à celles de France, d’Allemagne et des Pays-Bas.
Selon le dernier rapport du Conseil central de l’économie, les salaires belges sont déjà parmi les plus élevés de la région. Ainsi, pour ne pas creuser davantage cet écart, la norme salariale restera fixée à 0 % pour 2025 et 2026. Seule l’indexation automatique, estimée à environ 5 % sur la période, sera appliquée, sans aucune marge de négociation supplémentaire pour les entreprises et les syndicats.
Cette situation suscite de vives tensions entre les partenaires sociaux. Les syndicats dénoncent une perte de pouvoir d’achat pour les travailleurs, tandis que les organisations patronales insistent sur la nécessité de maintenir la compétitivité économique. Les discussions restent donc bloquées, laissant les employés face à une stagnation relative de leur pouvoir d’achat malgré la hausse des prix.
Un impact direct sur le pouvoir d’achat et la consommation
Le gel des salaires hors indexation pourrait avoir des conséquences économiques notables. En période d’inflation élevée, une absence d’augmentation du pouvoir d’achat limite la consommation des ménages, un moteur essentiel de la croissance économique belge. Moins de revenus disponibles signifie une réduction des dépenses dans les commerces, les loisirs et les services, ce qui affecte directement la vitalité du marché intérieur.
Les entreprises, en revanche, voient cette situation comme un moyen de limiter leurs coûts salariaux dans un contexte économique incertain. Avec des charges déjà lourdes en Belgique, tout assouplissement du cadre légal pourrait, selon elles, compromettre leur compétitivité face aux entreprises étrangères.
Certaines voix politiques plaident pour une révision de la loi de 1996 afin d’assouplir la norme salariale et de permettre des hausses plus flexibles en fonction des secteurs et des performances économiques. Mais aucune réforme immédiate ne semble envisagée, et les travailleurs devront donc attendre au moins 2027 pour espérer une véritable revalorisation salariale négociable.