Bruxelles poursuit sa transition écologique, mais ajuste son calendrier. Les autorités régionales ont décidé d’accorder un délai supplémentaire aux conducteurs de véhicules diesel répondant à la norme Euro 5.
Cette mesure touche directement une part significative du parc automobile encore en circulation dans la capitale belge. Elle reflète un équilibre entre contraintes environnementales et réalités socio-économiques.
Une prolongation décidée face à des retards d’infrastructure et des contraintes sociales
Initialement, les véhicules diesel Euro 5 devaient être interdits de circulation à Bruxelles à partir du 1ᵉʳ janvier 2025, dans le cadre de l’évolution progressive de la zone de basses émissions (LEZ) instaurée en 2018. Cette interdiction s’inscrit dans une politique de lutte contre la pollution de l’air, avec des objectifs ambitieux de réduction des émissions de particules fines et de dioxyde d’azote. Or, ce calendrier vient d’être modifié par le gouvernement bruxellois, qui a décidé de reporter l’interdiction de six mois.
Ce report s’explique par plusieurs facteurs. D’une part, les autorités reconnaissent un retard dans l’installation de bornes de recharge pour les véhicules électriques, censées accompagner la sortie progressive des motorisations thermiques. À l’heure actuelle, selon les chiffres communiqués par le ministre de la Transition climatique Alain Maron, seules 1 900 bornes sont opérationnelles sur les 11 000 prévues à l’horizon 2035, a rapporté Sudinfo. Ce déficit d’infrastructure limite la capacité des automobilistes à se convertir rapidement à l’électrique.
D’autre part, l’exécutif régional pointe des difficultés sociales et économiques rencontrées par une partie de la population. Le report vise à éviter une précarisation supplémentaire des ménages qui dépendent de leur véhicule pour se déplacer, notamment dans les zones moins bien desservies par les transports en commun. Il s’agit aussi de prendre en compte les effets de la hausse du coût de la vie, qui freine le renouvellement du parc automobile. À ce titre, la prime Bruxell’Air, qui encourage à abandonner sa voiture polluante en échange de solutions de mobilité, reste maintenue et renforcée.
Une mesure critiquée, mais jugée pragmatique par les autorités
Cette décision de report ne fait pas l’unanimité. Les associations environnementales comme ClientEarth ou Inter-Environnement Bruxelles dénoncent un recul dans les ambitions climatiques de la Région. Elles rappellent que les véhicules diesel Euro 5 restent responsables de niveaux importants d’émissions de NOx, ce qui nuit à la qualité de l’air, notamment dans les quartiers les plus denses et vulnérables.
Malgré ces critiques, le ministre bruxellois de l’Environnement Alain Maron (Ecolo) défend cette prolongation comme un choix de « réalisme écologique ». Il insiste sur le fait qu’il ne s’agit « pas d’un abandon des objectifs, mais d’un ajustement pragmatique ». Le gouvernement rappelle que la prochaine étape, à savoir l’interdiction des Euro 6 diesel dès 2030, reste maintenue, tout comme la sortie complète du thermique d’ici à 2035.
L’exécutif mise aussi sur l’effet incitatif du report : les conducteurs disposent désormais d’un délai supplémentaire jusqu’au 1ᵉʳ juillet 2025 pour adapter leur situation. Cette fenêtre permettra aussi à Bruxelles Mobilité et aux communes de renforcer les contrôles et d’améliorer la sensibilisation, dans l’optique d’un changement progressif, mais soutenu. Selon les données du service public régional, environ 25 000 véhicules diesel Euro 5 sont encore immatriculés dans la capitale.