Près de 4 Belges francophones sur 10 renoncent encore aux soins de santé pour des raisons financières. Une enquête de Solidaris révèle des inégalités persistantes dans l’accès aux soins, affectant particulièrement les femmes, les seniors et les personnes isolées.
Bien que la situation semble s’améliorer depuis la pandémie, les obstacles financiers restent majeurs. Ces résultats mettent en lumière l’urgence d’une réforme pour garantir un accès équitable aux soins de santé pour tous.
Des inégalités marquées entre les groupes sociaux
L’enquête menée par Solidaris auprès de 1 000 personnes en 2024 met en lumière l’ampleur du renoncement aux soins en Belgique. Si la tendance globale a légèrement diminué par rapport aux années précédentes, le taux de renonciation reste préoccupant : 41 % des Belges francophones affirment avoir renoncé à des soins, soit une hausse de près de 10 points par rapport à 2015. Ce phénomène touche principalement les personnes aux revenus modestes, les femmes et les seniors.
Les données montrent également un écart marqué entre les différents groupes sociaux. Tandis que les personnes issues des classes sociales les plus favorisées (groupes 1 et 2) conservent une bonne couverture santé, les groupes intermédiaires (5-6) et les plus précaires (7-8) connaissent des difficultés croissantes. Depuis 2017, un gradient social s’est installé, accentuant la précarisation de la classe moyenne inférieure et homogénéisant les difficultés d’accès aux soins parmi la population la plus vulnérable.
Les femmes, en particulier, sont davantage touchées par cette inégalité. En 2024, 48 % des femmes déclarent avoir renoncé au moins à un soin en raison de son coût, contre seulement 33 % des hommes. Cette différence révèle un enjeu de justice sociale et de gender gap dans le domaine de la santé, où les femmes sont souvent confrontées à des dépenses plus importantes (soins gynécologiques, médicaments, etc.) et à des revenus moins élevés que leurs homologues masculins.
L’impact de l’isolement et de l’âge
Outre les inégalités économiques, les structures familiales jouent également un rôle dans le renoncement aux soins. Les personnes isolées sont celles qui connaissent la plus forte augmentation du renoncement en neuf ans, avec un taux d’obtention de 45 % en 2024. Cette catégorie, qui inclut les personnes seules ou celles vivant dans des conditions de précarité, souffre particulièrement du manque de soutien familial et social, souvent en raison de la diminution des revenus.
Les seniors, quant à eux, sont de plus en plus nombreux à renoncer aux soins. En 2024, 40 % des plus de 60 ans admettent avoir évité des soins de santé pour des raisons financières. Ce chiffre marque une hausse de 25 points par rapport à 2015, et illustre la vulnérabilité accrue des personnes âgées face à l’inflation, à la hausse des prix des soins médicaux et à des retraites souvent insuffisantes pour couvrir ces dépenses.
Les familles monoparentales sont également particulièrement touchées par cette tendance, avec un taux de renoncement qui atteint 60 % en 2024, soit une augmentation de 13 points par rapport aux années précédentes. Ces familles, souvent constituées de mères seules avec enfants, font face à des défis multiples, entre gestion de la parentalité et manque de ressources financières.
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