La réforme des pensions en Belgique continue de faire l’objet d’un large débat, alors que le gouvernement fédéral entend rééquilibrer un système jugé coûteux à moyen terme. Le ministre des pensions, Jan Jambon, a présenté ce mercredi à la Chambre sa note d’orientation politique, précisant les axes d’une réforme ambitieuse, mais encadrée.
Au cœur de cette stratégie : un dispositif de bonus-malus pour inciter à l’allongement des carrières, assorti d’une volonté claire de protéger certaines périodes d’inactivité. En particulier, les congés d’aidant resteront pleinement pris en compte dans le calcul des droits à la pension.
Congés de soins : aucune pénalité pour les aidants, selon Jan Jambon
Lors de la présentation de sa note, Jan Jambon a réaffirmé un point clé de la réforme : les périodes de congé d’aidant, de congé de maternité et de congé de naissance continueront d’être assimilées à du travail effectif, vient de rapporter Le Soir. Autrement dit, elles ne généreront aucun malus lors du calcul de la pension, même dans le nouveau cadre introduit par le gouvernement. Cette clarification vise à couper court aux rumeurs persistantes selon lesquelles ces dispositifs auraient pu être défavorisés par les nouvelles règles.
Le ministre a justifié ce choix en rappelant que les soins prodigués à un proche, de manière informelle ou formelle, sont considérés comme un véritable travail. Dans sa note d’orientation, on peut lire que « cette prestation est assimilée à une prestation de travail effective », soulignant l’importance de ce rôle dans une société confrontée à un vieillissement croissant de sa population. Sont notamment concernés les congés pour aidants proches, les soins palliatifs ou encore l’assistance médicale, qu’ils soient pris à domicile, dans des crèches ou en établissements de soins résidentiels.
Cette décision s’inscrit dans un objectif double : préserver la solidarité intergénérationnelle tout en encourageant la participation au travail. Elle permet aussi de ne pas pénaliser les personnes – souvent des femmes – qui prennent temporairement leur distance avec le monde professionnel pour répondre à une situation familiale urgente. Ces périodes continueront donc à alimenter la carrière pensionnée, sans entraîner de réduction du montant final.
Mise en place du système bonus-malus et effort budgétaire ciblé
Le cœur de la réforme repose sur la mise en œuvre d’un système de bonus-malus, conçu pour moduler le montant de la pension en fonction de la durée de carrière. Ainsi, ceux qui remplissent les critères d’une retraite anticipée — à savoir 35 ans de carrière, au moins 156 jours de travail effectif par an et 7.020 jours de travail effectif cumulés — pourront partir plus tôt sans pénalité. À l’inverse, ceux qui n’atteignent pas ces seuils subiront une décote, à partir de 2026 : 2 % par an jusqu’en 2030, 4 % jusqu’en 2040, puis 5 % après cette date.
Cette mesure vise à freiner les départs prématurés et à encourager le prolongement de la vie active, dans un contexte où les projections budgétaires inquiètent : les dépenses annuelles de pension passeraient de 55 à 69 milliards d’euros d’ici la fin de la législature si aucune réforme n’était engagée. L’exécutif table sur une réduction de 2,3 milliards d’euros d’ici à 2029 et de 8 milliards à l’horizon 2040, via une série de réformes combinées.
Parmi les leviers identifiés figure également la remise en question de certains régimes de pension jugés obsolètes, à commencer par ce que le ministre a qualifié de « pension pour maladie archaïque » dans la fonction publique, en vigueur depuis 1844. Les fonctionnaires et les indépendants sont ainsi appelés à contribuer à l’effort collectif, notamment par la suppression progressive des régimes préférentiels et anticipés.
Toutefois, Jan Jambon l’a assuré : « Nous ne réaliserons pas ces économies en supprimant les pensions des gens. » L’accent est mis sur des mesures incitatives, visant à récompenser la durée de carrière plutôt qu’à imposer des sanctions généralisées. L’équilibre recherché consiste à réduire les dépenses tout en protégeant les plus vulnérables, dont les aidants.