La viande bovine devient un produit de luxe pour de nombreux ménages belges. Les bouchers artisanaux annoncent une hausse marquée du prix du steak, conséquence directe d’une série de facteurs structurels et sanitaires.
Deux maladies bovines affectent gravement les élevages, tandis que le nombre d’élevages diminue à un rythme inquiétant. Cette conjonction de crises redéfinit les équilibres du marché de la viande rouge dans le pays.
Pénurie de bétail et maladies : une double menace sur les élevages
La filière bovine belge traverse une période de tension sans précédent, selon les professionnels du secteur; vient de relater Sudinfo. Les boucheries traditionnelles rapportent une rareté croissante du bétail sur les marchés, provoquée par deux maladies animales : la fièvre catarrhale ovine (ou maladie de la langue bleue) et la rhinotrachéite infectieuse bovine. Ces pathologies, très contagieuses, limitent les mouvements de bétail et diminuent la capacité de production des élevages.
La structure démographique du monde agricole aggrave encore la situation. De nombreux éleveurs approchent de la retraite et cessent leur activité en l’absence de repreneurs. À cela s’ajoutent des contraintes réglementaires strictes qui rendent la poursuite de l’élevage difficile et peu attractive pour les jeunes générations. Ce contexte à propos d’une diminution marquée du cheptel bovin national.
Conséquence directe : le prix de la viande bovine atteint des niveaux inédits depuis plusieurs décennies. Ivan Claeys, président de la Fédération nationale des bouchers, charcutiers et traiteurs de Belgique, évoque une hausse d’1,5 euro brut par kilo de viande en seulement quelques mois. Il alerte : « Nous allons atteindre les 2 euros d’augmentation. » Cette dynamique haussière ne semble pas temporaire : selon lui, il faudra au moins quatre ans pour reconstituer les troupeaux, un délai incompressible dans un cycle d’élevage long.
Des répercussions inévitables sur le prix pour le consommateur
Face à cette situation, les bouchers n’ont d’autre choix que de répercuter l’augmentation des coûts sur leurs prix de vente. Le prix du steak pourrait grimper de 5 à 6 euros le kilo, ce qui représente une hausse de l’ordre de 15 % sur l’ensemble de la viande de bœuf. Pour un produit de consommation courante, ce changement est loin d’être anodin.
Cette évolution tarifaire marque une rupture avec les pratiques des trois dernières décennies. Ivan Claeys rappelle que la viande a longtemps été vendue à prix quasi constant : « Pendant 30 ans, la viande n’a pratiquement pas augmenté. » Il estime que le marché était artificiellement contenu et que le prix payé par les consommateurs ne reflétait plus la réalité économique de la production. Cette nouvelle donne remet en question l’équilibre entre accessibilité et qualité.
Le phénomène n’est pas isolé à la Belgique. Les pays voisins subissent les mêmes perturbations, notamment en raison de la circulation transfrontalière des virus responsables des épidémies bovines. Cela signifie que les importations ne constituent pas une solution de court terme. Dans ce contexte, les consommateurs belges doivent se préparer à payer durablement plus cher pour leur viande, en particulier pour les morceaux nobles comme le steak.