Les prix mondiaux du gaz ont atteint des niveaux records ces derniers mois, une situation due en grande partie à l’épuisement des stocks dans plusieurs régions stratégiques. Cette hausse des prix survient alors que des zones clés comme l’Union européenne, le Royaume-Uni, les États-Unis et l’Ukraine affichent des stocks nettement inférieurs à l’année dernière, avec une baisse cumulée de 400 térawattheures (TWh), selon Business AM.
En février, l’écart observé par rapport à 2024 était de 266 TWh pour l’UE et le Royaume-Uni, 106 TWh pour les États-Unis, et 28 TWh pour l’Ukraine. Cette baisse drastique des stocks annonce des tensions pour la saison de recharge de 2025, une période clé pour les approvisionnements en gaz.
Ce phénomène résulte de plusieurs facteurs convergents, dont une consommation de gaz dépassant la production, notamment en raison d’un hiver plus froid que prévu en 2024, d’une réduction des forages aux États-Unis et des sanctions sur la Russie. Ces éléments ont conduit à un épuisement rapide des stocks excédentaires accumulés lors de l’hiver doux 2023/24, entraînant ainsi une flambée des prix du gaz.
Impact sur les industries et les producteurs d’électricité
Face à la hausse des prix du gaz, les producteurs d’électricité et les industries à forte consommation d’énergie, tant en Europe qu’en Asie, ont dû ajuster leur consommation. Nombre d’entre elles ont recherché des alternatives plus abordables ou ont limité leur usage du gaz pour éviter des hausses de coûts imprévues.
Ces changements sont particulièrement visibles en Asie du Sud-Est, où les services publics, très sensibles aux fluctuations des prix, cherchent à se tourner vers des sources d’énergie moins affectées par la volatilité des marchés, précise la même source.
Cette adaptation des industries ne se fait pas sans conséquence. Le recours à des alternatives énergétiques, tout en permettant une certaine stabilité à court terme, pourrait également freiner les efforts pour reconstituer les stocks mondiaux de gaz.
En Europe, par exemple, plusieurs entreprises ont déjà amorcé des réductions de consommation, mais ces ajustements risquent de ne pas suffire pour contrer les effets de la diminution des stocks.
La compétition pour les stocks de gaz en 2025
La situation s’annonce particulièrement tendue pour la saison de recharge de 2025. En raison de la baisse rapide des stocks et des prévisions de demande accrue, la concurrence pour les approvisionnements en gaz devrait être féroce. Tous les grands consommateurs devront reconstituer leurs réserves à un rythme accéléré, créant une pression importante sur les marchés. Les industries énergivores en Europe et les acheteurs sensibles aux prix en Asie pourraient se retrouver en difficulté, comme cela s’est produit après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022.
La demande en gaz pourrait également augmenter en raison de vagues de chaleur prolongées qui pourraient frapper l’Amérique du Nord, l’Europe et certaines régions d’Asie. Ces conditions climatiques extrêmes risquent de doubler la pression sur les stocks, entraînant une pénurie de gaz dans certaines zones. Face à ce scénario incertain, les investisseurs ont déjà pris des positions sur les contrats à terme, anticipant une hausse continue des prix dans les mois à venir.
