Face à un contexte économique tendu, les primes collectives gagnent du terrain dans les entreprises belges. De nombreux employeurs choisissent d’octroyer ces bonus à leurs salariés, en plus des salaires habituels.
Ce dispositif séduit autant les travailleurs que les dirigeants, car il permet de récompenser collectivement les équipes sans alourdir la fiscalité des entreprises. Une dynamique qui s’intensifie et qui traduit une évolution des pratiques salariales.
Une hausse notable des primes collectives
Selon une récente analyse de SD Worx, publiée ce mercredi par Sudinfo, le montant médian de ces dispositifs était d’environ 1.000 euros bruts en 2024, montrant que de plus en plus d’entreprises belges adoptent la prime bénéficiaire. Ce dispositif, introduit en 2018, permet aux employeurs de distribuer une partie de leurs bénéfices sous forme de bonus collectifs à leurs salariés. Contrairement aux primes individuelles, ces bonus ne sont pas liés aux performances personnelles, mais aux résultats globaux de l’entreprise.
L’attrait de cette prime repose principalement sur son avantage fiscal. Pour l’employeur, elle représente un moyen de gratifier ses équipes sans subir les charges sociales élevées associées aux augmentations de salaire traditionnelles. Pour les salariés, elle offre un complément de revenu exempté de cotisations sociales, avec une imposition réduite. Une solution gagnant-gagnant qui explique son adoption croissante par les entreprises de différents secteurs.
Le succès de ce dispositif s’observe notamment dans les entreprises de taille moyenne et les grandes structures. Dans certains cas, plus d’un salarié sur trois bénéficie désormais de cette prime, ce qui marque une évolution significative des politiques de rémunération. Le secteur industriel, les services et la distribution figurent parmi les plus grands adeptes de cette pratique, permettant aux employés de partager directement la réussite de leur entreprise.
Un modèle qui séduit, mais qui soulève des interrogations
Si la prime collective connaît une adoption croissante, elle n’est pas exempte de critiques. Certains syndicats et économistes soulignent que, bien que ce dispositif offre une compensation financière intéressante, il ne remplace pas une véritable revalorisation salariale. Les salaires fixes restent la base du pouvoir d’achat des travailleurs, et une prime ponctuelle ne garantit pas une progression stable des revenus.
Autre point soulevé : l’inégalité d’accès à ces primes. Toutes les entreprises ne génèrent pas suffisamment de bénéfices pour verser un bonus collectif. Ainsi, les travailleurs des PME ou des secteurs en difficulté risquent de ne pas bénéficier de cette mesure, ce qui pourrait accentuer certaines disparités salariales.
Enfin, certains experts mettent en avant le risque d’une dépendance excessive à ces primes variables. Si une entreprise rencontre une année plus difficile, elle pourrait être contrainte de réduire ou de supprimer ces bonus, impactant directement le revenu des salariés concernés. Cette incertitude pourrait fragiliser le pouvoir d’achat et créer un climat d’instabilité au sein des entreprises.