Le gouvernement fédéral belge a récemment décidé de mettre fin à l’indexation automatique des pensions supérieures à 5 030,33 euros bruts par mois. Cette mesure, incluse dans la loi-programme sur les pensions élaborée par le ministre Jan Jambon (N-VA), touchera 65 391 pensionnés.
Cette initiative vise à réduire les dépenses publiques et à rationaliser certains régimes de pension favorables, principalement dans la fonction publique. Elle soulève cependant des interrogations sur l’équité et l’impact sur les bénéficiaires concernés.
Les pensions concernées et les économies attendues
À partir du 1er juillet, les pensions supérieures à 5 030,33 euros bruts par mois ne bénéficieront plus de l’indexation automatique, ce mécanisme qui ajuste les montants à l’évolution du coût de la vie. Cela signifie que les bénéficiaires, malgré l’inflation, verront leur pouvoir d’achat stagner. Actuellement, 65 391 personnes touchent une pension au-delà de ce seuil, selon le quotidien Sudinfo. La plupart d’entre elles sont des fonctionnaires ayant accumulé des droits de pension élevés grâce à des régimes historiquement avantageux.
Les pensions les plus concernées proviennent de la haute fonction publique, de la magistrature et de l’armée. Ces régimes, autrefois très généreux, permettent d’atteindre des montants bien au-delà de ce que peuvent espérer les salariés ou les indépendants, pour lesquels il est rare, voire impossible, de dépasser 5 000 euros bruts par mois. Parmi les 65 391 pensionnés concernés, seuls 136 sont des salariés ayant travaillé toute leur vie.
L’arrêt de l’indexation de ces pensions permettra au gouvernement d’économiser 29 millions d’euros dès cette année. À l’horizon 2029, cette mesure pourrait générer jusqu’à 318 millions d’euros d’économies cumulées. Ces montants contribueront à réduire le déficit budgétaire et à financer d’autres priorités publiques.
Une mesure ciblée sur des régimes favorables en voie de disparition
L’objectif principal de cette réforme est de corriger les disparités entre les différents régimes de pension en Belgique. La fonction publique bénéficie depuis des décennies de systèmes plus favorables, notamment pour les hauts revenus. Les hauts fonctionnaires, magistrats ou militaires ont pu accumuler des pensions bien supérieures à celles des salariés et des indépendants, grâce à des règles spécifiques. Toutefois, ces régimes avantageux sont progressivement supprimés par le gouvernement.
Cette décision marque une étape dans les réformes entreprises par la coalition dirigée par Bart De Wever (N-VA), qui vise à harmoniser les régimes de pension et à réduire les inégalités. Elle traduit également une volonté de limiter les avantages jugés excessifs pour les pensions les plus élevées, tout en épargnant les pensions modestes, qui continueront d’être indexées.
Malgré cela, la mesure suscite des critiques. Certains estiment qu’elle pénalise des bénéficiaires qui ont cotisé sur de hauts revenus tout au long de leur carrière. D’autres soulignent que l’économie réalisée, bien que significative, reste faible par rapport au budget total des pensions en Belgique. La question de l’équité est aussi soulevée : faut-il limiter les droits des pensionnés de la fonction publique sans appliquer des restrictions similaires à d’autres catégories de bénéficiaires ?
Les syndicats des fonctionnaires et des magistrats expriment leurs préoccupations face à cette décision. Ils craignent qu’elle n’ouvre la porte à de nouvelles mesures de restriction touchant d’autres aspects des pensions. Les associations de défense des seniors demandent, quant à elles, que l’on explore des alternatives pour préserver le pouvoir d’achat des retraités, y compris ceux bénéficiant de pensions élevées.