Ce dispositif, connu sous le nom de « plan Grand Froid », vise à renforcer les capacités d’accueil pour protéger les plus vulnérables durant l’hiver.
Toutefois, parmi les plus exposés, les seniors apparaissent de plus en plus nombreux à vivre dans des conditions précaires. En Belgique, selon les données de l’agence nationale des statistiques, ce sont 2,1 millions de personnes qui sont actuellement en risque de pauvreté ou d’exclusion sociale. Selon les dernières données, près de 17 % des personnes âgées de plus de 65 ans font face à ce risque, reflétant une réalité marquée par des privations constantes.
« Il ne me reste plus rien », une vie de labeur pour des retraites insuffisantes
Rencontrés dans les rues de Charleroi, plusieurs retraités confient leurs difficultés quotidiennes à joindre les deux bouts. Après des décennies de travail, ils se retrouvent contraints de faire des choix drastiques pour subvenir à leurs besoins. Micheline, ancienne aide-soignante, témoigne en expliquant qu’ « Une fois que j’ai payé le loyer, les charges, il ne me reste plus rien. Mon fils m’aide parfois mais c’est vraiment dur ».
Son cas n’est pas isolé. Angela, 70 ans, décrit également son angoisse de chaque début de mois, où le calcul de ses dépenses devient une nécessité pour se permettre un « petit plaisir » comme un restaurant, mais rien de plus. De son côté, Anne-Marie, retraitée avec une pension de 1 000 euros, admet qu’elle ne pourrait survivre sans le soutien de son mari.
La crise de logement, une précarité croissante pour les retraités
Le logement représente l’une des principales sources d’inquiétude des seniors en situation de précarité. En France, les associations rapportent que 69 % des retraités ont connu des privations au cours des douze derniers mois, et les expulsions s’accélèrent à l’approche de la trêve hivernale. En Belgique, bien que les chiffres actuels soient absents, une étude de 2022 estime que chaque jour, 11 expulsions ont lieu à Bruxelles.
Pour Christine Mahy, secrétaire générale du Réseau Wallon de lutte contre la pauvreté, cette situation est alarmante car la Belgique fait face à une crise du logement qui devient endémique. En effet, de plus en plus de familles et de seniors sont contraints de quitter leur logement parce que le loyer est trop élevé par rapport à leurs revenus. Lorsqu’ils ne parviennent plus à payer, les tensions avec le propriétaire augmentent, menant parfois à l’expulsion. Cette situation reflète une réalité où le logement, censé offrir une sécurité, devient une source de vulnérabilité pour les plus âgés.
Un choix entre manger, se chauffer ou se soigner
Outre le logement, la privation s’étend également aux domaines de la santé, de l’alimentation et de l’énergie. Sur le marché de Charleroi, Anne-Marie illustre cette réalité : « Je me suis fait plaisir et je me suis acheté 4 euros de fruits. Plus, je ne pourrais pas ». Christine Mahy, qui observe cette situation de près, décrit les renoncements successifs des seniors, qui affectent leur bien-être global : « Les privations sont multiples, elles sont en général sur la santé mais aussi sur l’alimentation ou encore sur toute activité extérieure. Il y a aussi la privation énergétique, avec des séniors qui ne se chauffent plus parce que cela coûte trop cher ». Dans un contexte où les seniors doivent parfois choisir entre se nourrir et se soigner, la question de l’accès aux soins prend une importance cruciale.
Certaines personnes âgées, comme Angela et Anne-Marie, estiment être chanceuses de pouvoir compter sur une assurance hospitalisation, un investissement devenu vital après des problèmes de santé graves. Toutefois, ce type de couverture reste inaccessible à de nombreux seniors, ajoutant une couche de précarité pour ceux qui ne peuvent se permettre de telles protections.
De ce fait, Si le plan hivernal apporte un soulagement temporaire, Christine Mahy insiste sur la nécessité d’un plan de logement structurel pour toute l’année. Elle explique que les plans hivernaux apportent du réconfort, mais ne résolvent pas le problème de fond. Selon elle, le logement doit être un droit fondamental et non une source de peur, car la question que beaucoup se posent aujourd’hui est de savoir s’ils pourront conserver leur logement, en trouver un ou le chauffer convenablement et cette situation est loin d’être normale.
On s’en sortait lorsque l’énergie sociale avait été octroyée aux personnes sous statut bim .