Depuis plusieurs mois, une tendance inquiétante semble se dessiner dans le secteur médical belge : six médecins sur dix envisagent de se déconventionner. Cette décision, prise à la lumière de l’insatisfaction vis-à-vis des récentes politiques gouvernementales, pourrait engendrer une forte augmentation des coûts pour les patients.
L’Association Belge des Syndicats Médicaux (ABSyM) a mis en lumière cette tendance dans le cadre d’une enquête à laquelle ont répondu 389 praticiens. La question qui se pose est désormais : quelles en seront les conséquences pour l’accès aux soins en Belgique ?
Le déconventionnement : un choix de plus en plus courant
Le déconventionnement ou la résiliation de la convention avec l‘Inami (Institut national de l’assurance maladie-invalidité) permet aux médecins de sortir du cadre réglementé des tarifs conventionnés. Lorsqu’un médecin est conventionné, il s’engage à respecter un tarif fixé par l’Inami, sans supplément d’honoraires. En revanche, lorsqu’il se déconventionne, il est libre de fixer ses propres prix, ce qui peut aboutir à des consultations nettement plus chères pour le patient. Selon l’enquête de l’ABSyM, près de 60 % des médecins se disent prêts à rompre cette convention si leur syndicat choisit de le faire collectivement.
Ce phénomène est lié à plusieurs facteurs. Tout d’abord, l’insatisfaction croissante des médecins face à la gestion des soins de santé, notamment le blocage du budget de l’Inami pour l’année 2025. En octobre dernier, le gouvernement en affaires courantes n’a pas trouvé d’accord sur le financement des soins de santé, provoquant des tensions dans le secteur médical. En réponse à cette situation, certains syndicats ont encouragé les médecins à réfléchir à une résiliation individuelle de leur conventionnement, offrant ainsi plus de liberté dans la fixation des honoraires.
Un impact direct sur les patients : un accès aux soins de plus en plus coûteux
Pour les patients, cette évolution risque d’avoir un impact direct sur le coût des soins médicaux. Si une proportion importante de médecins choisit de se déconventionner, les frais supplémentaires non remboursés par les assurances santé deviendront plus fréquents et plus élevés. Selon les experts, cela pourrait créer un système à deux vitesses, où les patients ayant des moyens financiers plus modestes se retrouveraient dans une position difficile pour accéder à des soins de qualité.
L’enquête de l’ABSyM révèle que 20 % des médecins envisagent déjà de quitter le système dès janvier, tandis que 45 % restent indécis. Cette évolution pourrait exacerber les inégalités d’accès aux soins, en particulier pour ceux qui dépendent des soins de base accessibles au tarif conventionné. L’option du déconventionnement pourrait ainsi entraîner une situation où seuls certains patients, souvent plus riches, seraient en mesure de se permettre des consultations privées à des tarifs non remboursés.
En conclusion, bien que le déconventionnement apparaisse comme une solution pour les médecins face aux contraintes financières, les conséquences pour les patients pourraient être lourdes, avec une forte augmentation des frais médicaux. Si cette tendance se confirme, il sera crucial de réagir pour éviter un déséquilibre dans l’accès aux soins.