Dans un marché du travail en mutation, la perception de certaines professions évolue en fonction de critères multiples tels que la rémunération, l’équilibre de vie ou encore la sécurité de l’emploi. Chaque année, des enquêtes permettent de mieux cerner les attentes des travailleurs et les dynamiques de popularité des métiers.
En Belgique, l’étude 2025 du prestataire de services RH Randstad dresse un nouveau panorama des fonctions les plus prisées par les citoyens. Le métier d’ingénieur conserve la première place, mais l’écart avec les autres professions se resserre.
Le métier d’ingénieur conserve la tête, mais séduit moins qu’avant
L’étude publiée vendredi par Randstad s’appuie sur les réponses de 3 000 participants ayant évalué différentes professions selon plusieurs critères : le salaire, les conditions de travail, la sécurité de l’emploi et l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée. Le métier d’ingénieur arrive à la première position du classement 2025. Il demeure donc la profession la plus attractive en Belgique, comme lors des éditions précédentes. Néanmoins, cette prédominance est moins nette qu’elle ne l’était il y a quelques années.
En 2019, 63 % des répondants jugeaient le métier d’ingénieur attrayant. En 2025, ce chiffre chute à 56 %. Ce recul de 7 points témoigne d’un réajustement dans la perception des professions techniques. Si la fonction reste largement valorisée pour sa stabilité, son potentiel de développement et sa rémunération, la concurrence d’autres métiers aux qualités similaires se fait plus forte. Cette tendance concerne aussi d’autres postes traditionnellement bien classés, qui voient leur attractivité légèrement diminuer. L’ingénieur reste donc en tête, mais dans un contexte de nivèlement des écarts entre les professions.
Le domaine médical, par exemple, gagne en reconnaissance. Le métier de chirurgien occupe désormais la deuxième place, avec un score d’attractivité de 54 %, très proche de celui des ingénieurs. Suivent les médecins généralistes à la troisième position et les vétérinaires à la dixième. Cette progression des professions de santé, plus visibles depuis la pandémie, reflète une meilleure reconnaissance de leur rôle central dans la société, mais aussi des efforts structurels pour améliorer leurs conditions d’exercice.
Des écarts d’attractivité marqués selon le genre et le type de profession
L’étude de Randstad met également en lumière des disparités de perception entre hommes et femmes. Les fonctions de dirigeant d’entreprise ou de chef de service, bien notées par les hommes, sont beaucoup moins prisées par les femmes. Cette différence souligne des préférences qui restent genrées malgré les évolutions sociales. Autre constat marquant : les femmes attribuent de moins bonnes notes aux professions issues du champ des STEM (Sciences, Technologie, Ingénierie, Mathématiques), malgré les campagnes de sensibilisation et d’orientation menées ces dernières années.
Selon Aline Bernard, porte-parole de Randstad, les efforts pour rendre les formations STEM plus attractives pour les femmes n’ont pas encore produit les effets escomptés en termes d’image. Ces professions restent perçues comme moins accueillantes ou moins compatibles avec les aspirations professionnelles féminines. Le constat est d’autant plus frappant que les métiers STEM dominent encore les classements en matière de salaires et d’évolution de carrière.
À l’inverse, les professions jugées les moins attractives restent stables d’une année à l’autre. Les métiers de pêcheur et de coursier à vélo ferment la marche, avec seulement 17 % d’avis favorables. Plus de la moitié des répondants (56 %) affirment qu’ils ne recommanderaient pas le métier de pêcheur à un proche. Parmi les autres postes les moins bien notés figurent ceux de chauffeur de taxi, portier, technicien de surface industriel, aide ménagère ou emballeur.
Ces résultats illustrent un clivage net entre les métiers perçus comme offrant un avenir stable et ceux considérés comme pénibles, précaires ou dévalorisés. L’attractivité d’une profession semble donc toujours étroitement liée à sa capacité à offrir sécurité, épanouissement personnel et reconnaissance sociale, trois critères de plus en plus recherchés par les travailleurs belges.
