Les derniers chiffres confirment un ralentissement du marché de l’emploi au Luxembourg. Malgré des projections économiques prudentes, le pays peine à inverser la tendance sur les taux de chômage et de réemploi.
Le marché de l’emploi au Luxembourg face à de grandes difficultés
En septembre 2024, le Statec a publié des prévisions peu optimistes pour le marché de l'emploi luxembourgeois, prévoyant une reprise économique lente et un chômage supérieur à 6 % jusqu'en 2026. L'analyse des données révèle un ralentissement significatif de la croissance de l'emploi, des opportunités en baisse et une augmentation notable des licenciements.
Une dynamique de chômage accru et de diminution des postes vacants s'installe dans le pays, illustrant les défis auxquels le Luxembourg est confronté pour maintenir un marché de l'emploi stable.
Une croissance de l'emploi au plus bas
Depuis le début de l'année 2022, le Luxembourg connaît une baisse continue de la croissance de l'emploi. En juin 2024, cette croissance a atteint son point le plus bas de la décennie, oscillant autour des niveaux observés lors de crises précédentes comme la pandémie et la crise financière de 2008-2009. Les chiffres montrent une incapacité à dépasser une progression annuelle de 2 %, bien inférieure à la moyenne historique. Les indicateurs d’emplois disponibles confirment cette tendance. En septembre 2024, seulement 6 737 postes étaient recensés, soit moins de la moitié des 13 599 enregistrés en juin 2022. Cette diminution renforce une concurrence intense sur le marché, avec près de trois demandeurs d'emploi par offre.
Hausse des demandeurs d'emploi et des licenciements
Les données montrent une augmentation continue des allocations chômage, un indicateur souvent corrélé aux licenciements. En 2024, plus de 10 000 personnes ont perçu ces aides chaque mois, soit une hausse de 40 % par rapport à 2022. Par ailleurs, le nombre de demandeurs d'emploi de courte durée, soit ceux inscrits depuis moins d'un an, a aussi augmenté, représentant désormais 60 % des chômeurs en septembre 2024. Les demandeurs d'emploi plus âgés, particulièrement touchés, peinent à se réinsérer. Leur part dans le total des chômeurs a doublé en dix ans, atteignant 6,9 % en 2024, contre seulement 3,4 % en 2014. Ce phénomène met en lumière une vulnérabilité accrue de cette tranche d'âge face aux évolutions du marché.
Défis pour les entreprises et les pouvoirs publics
La baisse des opportunités d'emploi au Luxembourg ne se limite pas à un secteur spécifique. Les entreprises, contraintes par un contexte économique incertain, limitent leurs recrutements ou procèdent à des licenciements. Les employeurs doivent également faire face à des défis administratifs, car ils sont légalement obligés de déclarer toutes les offres d'emploi à l'Agence pour le développement de l'emploi (Adem).
Or, le respect de cette exigence n'est pas toujours strict, ce qui peut compliquer l'analyse des données. Pour les pouvoirs publics, ces tendances appellent à des mesures immédiates. Le soutien au réemploi, notamment pour les populations vulnérables comme les travailleurs âgés, est devenu prioritaire. La mise en œuvre de programmes de formation ciblés et d'incitations à l'embauche pourrait contribuer à inverser cette dynamique.
Toutefois, les prévisions restent prudentes. Les économistes s'attendent à une reprise lente et progressive de l'activité économique, mais sans signaux clairs de redressement avant plusieurs années. La concurrence pour les postes vacants pourrait rester élevée, obligeant les demandeurs d'emploi à diversifier leurs compétences et leurs stratégies de recherche. Le marché de l'emploi luxembourgeois, malgré ces défis, conserve néanmoins une certaine résilience grâce à son attractivité pour les investisseurs étrangers et son rôle stratégique en Europe.