La Belgique est souvent présentée comme le pays européen comptant le plus grand nombre de malades de longue durée. Mais cette affirmation mérite-t-elle vraiment d’être prise pour argent comptant ? Une analyse des données récentes montre que cette situation, bien qu’inquiétante, reste difficile à comparer à d’autres pays européens en raison de différences de systèmes et de définitions.
En 2023, la Belgique recensait plus de 526 000 personnes en incapacité de travail depuis plus d’un an, selon l’Institut national d’assurance maladie-invalidité (Inami). En l’espace de quatre ans, ce chiffre a progressé de 17,5 %, mettant en lumière l’ampleur croissante du phénomène. Parmi ces malades de longue durée, environ 289 400 étaient considérés comme inaptes au travail « jusqu’à la retraite », un statut attribué lorsque le médecin estime peu probable une amélioration significative de l’état de santé.
Ce groupe représente environ 55 % de l’ensemble des malades. Si les chiffres peuvent paraître élevés, il est crucial de noter que les comparaisons avec les autres pays européens sont rendues complexes par des systèmes d’assurances et des critères de définition différents.
Les causes de la hausse du nombre de malades de longue durée
Les troubles psychiques, notamment les dépressions, burn-out et troubles anxieux, représentent près de 37,6 % des incapacités de longue durée en Belgique en 2023, une hausse de 44 % par rapport aux cinq dernières années, rapporte La Libre. Ce phénomène est en grande partie attribué à la pression sociale et professionnelle croissante, ainsi qu’à un environnement de travail souvent stressant.
Les troubles musculo-squelettiques, tels que les lombalgies et les douleurs chroniques liées à des métiers physiques, sont également des causes fréquentes d’absences prolongées. L’allongement des carrières et le vieillissement de la population active contribuent également à cette situation, car les pathologies chroniques (diabète, maladies cardiovasculaires) se multiplient avec l’âge.
Le gouvernement fédéral face à la situation : des mesures ambitieuses
Conscient de cette évolution inquiétante, le gouvernement fédéral a adopté une série de mesures visant à réduire le nombre de malades de longue durée. L’objectif est de remettre 100 000 personnes au travail d’ici 2029, un projet qui pourrait permettre de réaliser une économie de 1,9 milliard d’euros. Actuellement, la Belgique pourrait atteindre 682 000 malades de longue durée en 2030 si rien n’est fait, mais avec les mesures en place, le gouvernement espère contenir ce chiffre à 588 000.
Une politique jugée difficilement réalisable
Si l’objectif est ambitieux, il est aussi jugé irréaliste par plusieurs acteurs sociaux, tels que les mutualités, les syndicats et même certains partis politiques. Les critiques soulignent que, compte tenu des conditions de travail et de l’évolution démographique, la remise au travail de ces malades pourrait ne pas être aussi simple. Le modèle espagnol, qui privilégie la réhabilitation plutôt que la simple remise au travail, est souvent cité en exemple par ceux qui plaident pour un système plus adapté aux réalités des travailleurs malades.








