Depuis 15 ans, le numérique s’est imposé comme une réalité incontournable, transformant les modes de vie et le fonctionnement des entreprises. Le Luxembourg n’échappe pas à cette révolution, mais peine à recruter suffisamment de spécialistes informatiques pour accompagner cette transition. Selon Serge Linckels, directeur du Digital Learning Hub, les entreprises du pays, comme celles de la Grande Région, souffrent d’un manque criant de profils qualifiés, notamment de programmeurs.
En dépit d’une mobilisation à la fois publique et privée, la pénurie persiste au Luxembourg. Des entreprises locales à succès international, telles que Doctena ou Salonkee, s’efforcent de stimuler le développement numérique. Cependant, les efforts restent freinés par une inadéquation entre les compétences disponibles et les exigences des recruteurs, qui recherchent des profils extrêmement précis, parfois au détriment des opportunités d’embauche.
Des formations inclusives pour répondre à la demande
Le Digital Learning Hub joue un rôle central dans la montée en compétences des résidents et frontaliers. Depuis sa création il y a deux ans et demi, cet organisme public a formé plus de 9 000 personnes. Accessible à tous, il offre des cours pour débutants comme pour experts souhaitant se perfectionner. Parmi les participants figurent des réfugiés, des demandeurs d’emploi, mais aussi des informaticiens en reconversion ou désireux d’apprendre de nouveaux langages de programmation.
Ces formations, facturées à 4 euros de l’heure, sont même gratuites pour les chômeurs. Leur contenu est conçu en collaboration avec l’ADEM pour répondre aux besoins concrets du marché. Par exemple, des cours sur Power BI, un outil populaire de visualisation de données, ont été introduits pour améliorer l’employabilité des candidats. Cette approche pragmatique vise à réduire le fossé entre les attentes des entreprises et les compétences des postulants.
Un paradoxe sur le marché de l’emploi
Malgré une forte demande, certains professionnels informatiques rencontrent des difficultés à trouver un emploi. L’ADEM recense actuellement 500 demandeurs d’emploi disposant de compétences numériques parmi les 19 532 inscrits. Isabelle Schlesser, directrice de l’ADEM, explique que ce paradoxe résulte en partie de l’évolution des exigences des employeurs, qui privilégient des profils répondant à 100 % à leurs critères.
Selon Les Frontaliers, un expert du secteur, souhaitant rester anonyme, pointe également un problème de compréhension des besoins technologiques par certaines entreprises. Pour améliorer leurs chances, les candidats sont encouragés à enrichir leurs compétences dans des domaines spécifiques comme la protection des données (RGPD), l’analyse de données ou encore l’utilisation d’outils tels que Power BI et ChatGPT.