Le secteur de la construction en Belgique traverse une période difficile. En 2024, une chute importante de l’activité, particulièrement dans la construction de logements neufs, laisse entrevoir des conséquences dramatiques pour le marché du logement.
Selon Embuild, une fédération clé du secteur, cette situation pourrait conduire à une véritable crise du logement si des mesures urgentes ne sont pas prises. Le pays pourrait se retrouver dans la même situation que les Pays-Bas, confronté à un manque chronique de logements.
Un secteur en pleine crise
Le secteur de la construction belge a connu une baisse notable de son activité en 2024. Selon Embuild, l’activité générale du secteur a chuté de 0,4 %, soit quatre fois plus que les baisses enregistrées en 2022 et 2023. Mais c’est la construction de logements neufs qui est particulièrement touchée, avec une diminution de 7,3 % de l’activité cette année. Ce recul se répercute directement sur la capacité du pays à faire face à la demande croissante de logements, notamment dans un contexte démographique et social de plus en plus exigeant.
Les défis auxquels la Belgique est confrontée sont multiples : une population vieillissante, une hausse du nombre de familles monoparentales et des exigences sociales et environnementales de plus en plus élevées. Selon Niko Demeester, le CEO d’Embuild, la situation est critique. 375.000 logements doivent être construits au cours des cinq prochaines années pour éviter une crise du logement généralisée. Si ce rythme n’est pas atteint, la Belgique pourrait se retrouver dans une situation comparable à celle des Pays-Bas, où une pénurie de logements a conduit à des problèmes graves pour les habitants.
Les rénovations, un point de non-retour
En parallèle, la rénovation des bâtiments non résidentiels a également connu une baisse de 2,1 % en 2024. Bien que des efforts aient été réalisés ces dernières années pour rénover des bâtiments existants, le rythme reste largement insuffisant. Embuild estime qu’il faudrait rénover 471 logements par jour, mais à ce jour, seulement 144 rénovations sont réalisées quotidiennement. Ce manque de dynamisme dans le secteur de la rénovation pourrait compromettre les objectifs climatiques de la Belgique, notamment l’atteinte de la neutralité carbone.
La situation est particulièrement inquiétante dans certaines régions, où le rythme des rénovations devrait être quatre fois plus rapide à Bruxelles et en Wallonie, et trois fois plus rapide en Flandre. Si ce retard se poursuit, la Belgique risque de ne pas atteindre ses objectifs environnementaux, en plus de faire face à une crise de l’habitat. Les défis climatiques, associés à l’urgence de la rénovation énergétique, rendent la situation d’autant plus complexe.