Le métier d’infirmière est essentiel au bon fonctionnement du système de santé, garantissant des soins de qualité aux patients. Pourtant, en Belgique, la rémunération de ces professionnelles suscite de nombreuses critiques, en raison de salaires jugés insuffisants par rapport aux responsabilités et aux conditions de travail.
Entre horaires contraignants, surcharge de travail et pressions psychologiques, beaucoup s’interrogent sur l’attractivité de cette profession. Dans un contexte de pénurie croissante, la question d’une juste rémunération devient un enjeu crucial pour l’avenir du secteur.
Un salaire de départ modeste et une évolution limitée
Le salaire d’une infirmière en Belgique dépend de plusieurs paramètres, notamment le secteur d’activité, l’expérience et le type de contrat. Une infirmière débutante perçoit en moyenne 2 500 euros bruts par mois, soit environ 1 900 euros nets, un montant qui peut sembler limité au regard des exigences du métier, selon le baromètre des salaires Jobat. Avec l’ancienneté, la rémunération évolue progressivement pour atteindre 4 500 euros bruts après plusieurs années de carrière.
Cependant, cette évolution est jugée trop lente par de nombreuses infirmières, qui doivent attendre plusieurs années avant de voir une réelle amélioration de leur salaire. Dans le secteur hospitalier public, les augmentations sont encadrées par des barèmes salariaux stricts, tandis que dans le privé, les variations dépendent des accords internes et de la rentabilité des établissements.
Par ailleurs, les infirmières indépendantes, bien que jouissant d’une plus grande flexibilité, doivent composer avec des revenus variables. En moyenne, elles facturent 35 à 50 euros de l’heure, mais doivent gérer elles-mêmes leurs charges et leur fiscalité, ce qui réduit leur rémunération nette.
En comparaison avec d’autres pays européens, la Belgique reste en retrait. Une infirmière en France gagne en moyenne 2 700 euros bruts en début de carrière, tandis qu’aux Pays-Bas, ce chiffre s’élève à 3 000 euros. En Allemagne, les salaires peuvent dépasser 5 000 euros pour les infirmières les plus expérimentées. Cette différence pousse certaines professionnelles à envisager une expatriation vers des pays offrant de meilleures conditions salariales.
Une charge de travail élevée, peu compensée financièrement
Au-delà du salaire, le métier d’infirmière est marqué par une charge de travail conséquente et des conditions parfois éprouvantes. La profession exige une grande disponibilité, avec des horaires irréguliers incluant des gardes de nuit, des week-ends et des jours fériés. Ces contraintes sont souvent mal compensées financièrement : les primes pour le travail de nuit ou en heures supplémentaires restent relativement faibles, ne permettant pas toujours de compenser la fatigue et le stress accumulés.
Selon une enquête menée par les syndicats de la santé, près de 20 % des infirmières belges envisagent de quitter la profession en raison de la surcharge de travail et d’un manque de reconnaissance, notamment salariale. La pandémie de COVID-19 a exacerbé ces difficultés, mettant en lumière un système hospitalier sous tension et une rémunération jugée insuffisante au regard des efforts fournis.
En 2021, une prime de 985 euros bruts a été accordée aux infirmières pour reconnaître leur engagement pendant la crise sanitaire, mais cette mesure ponctuelle n’a pas répondu aux attentes d’une revalorisation salariale durable. Les syndicats continuent de réclamer une augmentation généralisée des salaires ainsi qu’une amélioration des conditions de travail, afin d’éviter une fuite des talents et de garantir un système de soins de qualité.