Bien qu’un nombre record d’indépendants ait bénéficié d’allocations sociales en Belgique en 2024, beaucoup ignorent ou abandonnent leurs droits. La peur de perdre des clients, les démarches administratives complexes et le manque d’information freinent l’accès à ces aides essentielles pour leur bien-être.
Cette situation met en lumière des lacunes dans la communication des dispositifs disponibles. Elle reflète également les défis quotidiens auxquels ces travailleurs doivent faire face pour concilier vie professionnelle et besoins personnels.
Une méconnaissance largement répandue
En Belgique, une majorité d’indépendants ignore les allocations sociales auxquelles ils pourraient prétendre en cas d’incapacité de travail, de congé de maternité ou de soins informels. Selon une étude menée par le prestataire RH Acerta, seuls 39 % des indépendants déclarent avoir une bonne connaissance de leurs droits. Parmi les femmes indépendantes, 4 sur 10 ne savent pas qu’elles peuvent bénéficier d’un congé de maternité et 17 % ignorent comment y accéder, malgré leur éligibilité.
Cette situation s’explique par plusieurs facteurs. Tout d’abord, l’information sur les dispositifs disponibles est souvent dispersée ou mal communiquée. Ensuite, les démarches administratives complexes dissuadent certains d’y recourir. Enfin, un facteur psychologique joue un rôle crucial : beaucoup craignent que prendre un congé ou une allocation n’endommage leur image professionnelle ou ne mette en péril leur activité en raison d’une perte de clientèle.
Pourtant, en 2024, un nombre record de travailleurs indépendants a bénéficié de certains droits sociaux. 9 484 allocations ont été versées à la suite de naissances et 890 pour des soins informels, selon l’Institut national d’assurances sociales pour travailleurs indépendants (Inasti). Mais ces chiffres, bien qu’encourageants, restent loin de refléter l’ensemble des ayants droit, soulignant un problème structurel de communication et d’accès.
Les allocations, entre renoncement et initiatives proactives
Malgré l’existence de dispositifs spécifiques, six indépendants sur dix préfèrent ne pas solliciter d’aides. Les raisons avancées incluent notamment une crainte d’une perte de revenus à court terme, les complications administratives ou encore l’impression que leur absence pourrait compromettre la stabilité de leur activité. Ces obstacles renforcent le sentiment de solitude et la pression déjà élevée sur les travailleurs indépendants.
Cependant, une forme d’allocation semble tirer son épingle du jeu grâce à son approche proactive. Les mères indépendantes reçoivent automatiquement 105 titres-services gratuits après un accouchement, une mesure qui ne nécessite aucune démarche de leur part. Selon Olivia Legradi, experte chez Acerta, ce modèle pourrait inspirer des améliorations pour d’autres types de droits sociaux. L’information proactive et simplifiée joue un rôle crucial dans l’accès effectif aux aides, particulièrement pour les publics les plus vulnérables.