En Belgique, la fiscalité des successions figure parmi les plus élevées au monde, un constat qui surprend encore de nombreuses familles au moment d’un décès. Les droits de succession peuvent parfois absorber jusqu’à 80 % de l’héritage, selon les cas et les régions, notamment en Wallonie.
Des experts fiscaux belges alertent sur les idées reçues qui coûtent cher, et proposent des solutions concrètes pour limiter ces pertes. Une meilleure planification successorale pourrait permettre à de nombreux Belges d’économiser des milliers, voire des dizaines de milliers d’euros.
Une fiscalité particulièrement lourde, mais évitable avec de bonnes pratiques
La Belgique impose les héritages dès le premier euro, sans seuil d’exonération, contrairement à d’autres pays comme l’Italie où un enfant n’est taxé qu’au-delà d’un million d’euros d’héritage. Cette politique fiscale a pour effet de rendre la transmission du patrimoine particulièrement coûteuse si elle n’a pas été anticipée. Le fiscaliste Michel Maus se confie à Sudinfo en citant un exemple parlant : un enfant qui hérite d’un million d’euros paiera 220 000 euros de droits de succession en Flandre. En revanche, si ce montant avait été transmis sous forme de donation enregistrée avant le décès, l’impôt se serait limité à 30 000 euros.
Plusieurs mécanismes permettent d’alléger la facture. Parmi eux, les donations sont nettement moins taxées que les successions. Une donation en ligne directe (parents-enfants) est taxée à hauteur de 3 %, tandis qu’un héritage peut atteindre 27 % dans les mêmes conditions, voire 55 % hors ligne directe. Certains types de donations – dons manuels ou de biens mobiliers – peuvent même être exonérés si le donateur ne décède pas dans les cinq ans suivant la donation.
La complexité du système fiscal belge, combinée à un manque d’information, pousse encore beaucoup de citoyens à croire qu’un simple testament suffit à protéger leur patrimoine. Pourtant, comme le rappelle Michel Maus, le testament n’élimine pas les droits de succession. Il permet simplement d’organiser la répartition des biens selon les souhaits du défunt, mais ne modifie en rien l’assiette fiscale.
La planification successorale, un sujet trop souvent négligé
Les droits de succession ne sont pas uniquement un problème pour les personnes âgées. « La planification successorale concerne tout le monde », affirme l’experte Ayfer Aydogan. Elle prend l’exemple d’un couple qui achète une seconde résidence. En procédant à un achat scindé – où les parents conservent l’usufruit et les enfants acquièrent la nue-propriété –, la transmission du bien s’effectue sans qu’aucun droit de succession ne soit dû au moment du décès. Cette technique, encore trop peu connue, permet d’économiser facilement plusieurs dizaines de milliers d’euros.
Un autre point souvent sous-estimé est la possibilité de faire appel à un médiateur en cas de conflit entre héritiers. Hilde Vanthuyne, médiatrice spécialisée, insiste sur l’importance de cette approche. Les tensions lors de la lecture d’un testament sont fréquentes, et la médiation peut permettre d’éviter des procès longs et coûteux. Elle favorise un dialogue structuré entre les parties et permet souvent d’aboutir à un compromis, en préservant la cohésion familiale.
L’ensemble de ces pratiques nécessite une bonne anticipation, de la transparence entre les membres de la famille, et un accompagnement par des professionnels compétents. Pourtant, nombre de familles repoussent ces discussions, soit par inconfort face au sujet de la mort, soit par méconnaissance des outils à leur disposition. Les conséquences financières peuvent être lourdes : un défaut de planification peut entraîner des pertes importantes de patrimoine, au profit exclusif du fisc.








