Le parti écologiste Groen a récemment proposé de financer les dépenses militaires belges en instaurant une taxe sur les millionnaires. Cette initiative intervient dans un contexte de pressions budgétaires accumulées et d’exigences de l’OTAN en matière de dépenses de défense.
Le gouvernement fédéral est actuellement confronté à la difficulté de dégager les ressources nécessaires pour atteindre l’objectif de 2 % du PIB consacré à la défense. Cette proposition soulève un débat sur les priorités budgétaires et la répartition de la charge fiscale en Belgique.
Une mesure fiscale ciblée pour atteindre les objectifs de l’OTAN
Lors d’un congrès organisé samedi 22 mars à Bruxelles, Groen a dévoilé son intention de taxer les citoyens disposant d’un patrimoine supérieur à un million d’euros, hors résidence principale. Cette mesure permet, selon le parti, de récolter 8 milliards d’euros par an, une somme jugée suffisante pour couvrir les besoins liés à la montée en puissance de la défense belge.
La Belgique s’est engagée auprès de l’OTAN à augmenter ses dépenses militaires afin d’atteindre le seuil des 2 % du PIB d’ici à 2035. Or, à l’heure actuelle, la contribution nationale ne dépasse pas 1,2 % du PIB, soit environ 6,9 milliards d’euros en 2024. Pour respecter ses engagements, le pays devra presque doubler ses dépenses dans les dix prochaines années. Dans ce contexte, la proposition de Groen apparaît comme une réponse directe à un besoin de financement structurel, sans utiliser des coupes dans d’autres postes budgétaires.
Le parti écologiste souligne que cette nouvelle taxe permettra également de corriger les inégalités en demandant un effort plus important aux contribuables les plus fortunés. Selon Jérémie Vaneeckhout, coprésident de Groen, il s’agit d’« une mesure juste dans un pays où la richesse est très concentrée ». La Belgique figure parmi les pays européens ayant l’un des taux de taxation du capital les plus bas, ce qui renforce la légitimité d’une telle mesure selon les défenseurs du projet.
Une stratégie budgétaire contestée dans un paysage politique fragmenté
La proposition de Groen intervient dans un climat politique préélectoral, à quelques mois des élections législatives et régionales de juin 2025. L’initiative a immédiatement suscité des réactions contrastées parmi les autres partis. Les formations libérales, notamment l’Open VLD et le MR, s’opposent à toute forme de taxation du capital, qu’elles considèrent comme un frein à l’investissement et à l’attractivité économique du pays.
À l’inverse, Ecolo, partenaire francophone de Groen, a exprimé son soutien à cette mesure, en soulignant la nécessité de diversifier les sources de financement de la défense. La gauche, à travers le Parti du Travail de Belgique (PTB), a salué l’idée, mais juge la somme annoncée insuffisante pour transformer le modèle fiscal belge. Le PS, quant à lui, reste plus prudent, évoquant la nécessité d’une analyse approfondie des effets économiques d’une telle fiscalité.
Sur le plan économique, plusieurs experts fiscaux intégrés par Le Soir ont mis en garde contre les risques de délocalisation de capitaux et les effets potentiels sur la confiance des investisseurs. Isabelle Marchal, économiste à l’Université de Namur, rappelle que « la Belgique ne peut pas agir seule sur la fiscalité des grandes fortunes sans coordination européenne, au risque de pénaliser son économie ».
Malgré ces critiques, Groen affirme que la taxe sur les millionnaires s’inscrit dans une logique de redistribution équitable et de cohérence budgétaire, refusant d’opposer l’investissement dans la défense aux politiques sociales ou climatiques. Le parti espère ainsi marquer sa différence tout en participant pleinement aux engagements internationaux de la Belgique.
