La fonction publique fédérale belge s’apprête à opérer un virage notable dans sa politique de recrutement. Longtemps centrée sur des critères stricts de diplômes, l’administration fédérale envisage désormais de valoriser davantage les compétences et le potentiel des candidats.
Cette réforme est portée par Vanessa Matz, ministre de la Fonction publique, qui souhaite adapter l’approche de l’État à l’évolution des parcours professionnels. Cette initiative s’inscrit dans une volonté plus large d’ouvrir l’accès aux fonctions publiques à des profils plus diversifiés et en phase avec les réalités du marché du travail.
Une reconnaissance accrue des compétences et du potentiel
Actuellement, pour postuler à un emploi dans la fonction publique belge, il faut satisfaire à des exigences précises en matière de diplôme, indiquées notamment sur le portail travaillerpour.be. Par exemple, un spécialiste en comptabilité doit posséder un master, alors qu’un poste d’employé technique polyvalent peut être accessible sans aucun diplôme. Ce système, basé sur une stricte hiérarchisation des titres académiques, est désormais jugé trop rigide par le gouvernement.
Vanessa Matz, membre du parti Les Engagés, souhaite rompre avec cette logique, a rapporté Le Soir. Selon elle, la manière dont les citoyens acquièrent des compétences a évolué, notamment grâce à la formation continue, aux expériences professionnelles et à l’auto-apprentissage. Le cabinet de la ministre souligne que cela nécessite une approche plus ouverte du recrutement, axée sur les compétences réelles et le potentiel des candidats, plutôt que sur leurs seuls antécédents académiques. L’objectif est clair : permettre aux services publics de recruter des talents mieux adaptés aux réalités opérationnelles.
Cette orientation existe déjà partiellement dans certains secteurs, notamment dans les métiers de l’ICT, où les connaissances techniques et l’expérience priment souvent sur les diplômes formels. Pour la ministre, cette tendance est appelée à s’étendre à d’autres domaines. Le site travaillerpour.be et les services publics fédéraux pourront ainsi proposer une interprétation plus souple des exigences de diplôme, en particulier lorsque les procédures de sélection n’aboutissent pas à des profils adéquats.
Un encadrement strict pour garantir la qualité du service public
Si la réforme s’annonce plus inclusive, elle ne signifie pas pour autant une disparition complète des conditions de diplôme. Vanessa Matz rappelle qu’il existe des limites bien définies à cet assouplissement. Pour certaines fonctions, notamment les professions réglementées comme celles de médecin, les exigences de diplôme resteront strictement en vigueur. Il s’agit de garantir la qualité, la sécurité et la légalité des prestations offertes par les agents de l’État.
L’objectif est donc de concilier ouverture du recrutement et exigence professionnelle. En pratique, cela signifie que chaque service public fédéral pourra, au cas par cas, décider d’élargir les critères de sélection. Cette décision pourra être motivée par l’échec d’un concours classique ou par une pénurie de profils spécifiques sur le marché. L’initiative vise aussi à réduire les tensions de recrutement dans certains secteurs de la fonction publique, où les postes restent parfois vacants faute de candidats répondant aux critères traditionnels.
Ce changement ne signifie pas que les diplômes perdront toute valeur. Ils continueront à jouer un rôle dans l’évaluation des candidatures, mais ils ne seront plus le seul levier d’accès aux carrières publiques. L’expérience, les compétences acquises hors du cadre académique et le potentiel seront désormais pris en compte de manière formalisée. Cela pourrait contribuer à diversifier les profils au sein des administrations et à renforcer leur adaptabilité.
Pour les citoyens, cette évolution pourrait également améliorer l’image de la fonction publique, souvent perçue comme fermée et inaccessible. Elle marque un pas vers une administration plus moderne, plus souple et plus représentative de la société.