Le calendrier européen pour la fin des voitures thermiques fait de nouveau débat. Plusieurs voix de l’industrie automobile s’élèvent pour le juger irréaliste. À quelques jours d’un grand rendez-vous du secteur, les positions se durcissent.
Dans un entretien publié samedi 6 septembre par Les Échos, Antonio Filosa, directeur général de Stellantis, estime que l’objectif fixé par l’Union européenne d’interdire les ventes de voitures thermiques neuves en 2035 n’est pas réaliste dans sa forme actuelle. Il plaide pour plus de flexibilité dans l’application des règles européennes, avec des ajustements permettant à la fois la transition écologique et le maintien de l’outil industriel.
Stellantis, quatrième constructeur mondial, regroupe des marques comme Peugeot, Jeep, Fiat et Opel. Son dirigeant défend une approche plus graduelle, tenant compte des réalités du marché et des contraintes de production.
Un marché sous pression
Le secteur automobile européen fait face à une conjoncture défavorable. Les ventes de véhicules électriques marquent le pas dans plusieurs pays, alors que la concurrence chinoise se renforce et que les coûts de production restent élevés. Antonio Filosa alerte sur un effet d’attentisme des consommateurs, qui freine le renouvellement du parc automobile et accentue la pression sur les marges.
Dans ce contexte, il appelle à activer des leviers de souplesse réglementaire pour éviter un blocage durable du marché, qui pourrait nuire à la fois à l’emploi et à l’innovation en Europe.
Une contestation qui s’élargit dans le secteur des voitures thermiques
La position de Stellantis n’est pas isolée. BMW a récemment proposé de reporter l’interdiction à 2050, tandis que Ola Källenius, président de Mercedes-Benz et de l’association européenne des constructeurs automobiles (ACEA), a qualifié l’objectif de 2035 d’inatteignable. Ces prises de position interviennent à la veille du salon automobile de Munich, où les enjeux industriels et climatiques seront au cœur des échanges.
Sous la pression du secteur, la Commission européenne a déjà assoupli certains objectifs intermédiaires en mars dernier. Une clause de révision est prévue en 2026, afin d’évaluer l’applicabilité du calendrier et d’éventuellement ajuster les échéances.
Une tension croissante entre ambition climatique et faisabilité industrielle
L’enjeu dépasse la seule question de la date. Le débat oppose deux logiques : d’un côté, une volonté politique de décarbonation rapide ; de l’autre, la réalité des capacités industrielles et des comportements d’achat encore hésitants. Pour Antonio Filosa, il est urgent de passer du dialogue stratégique à l’action concrète, afin d’éviter un décrochage de l’industrie automobile européenne.
Le débat autour de 2035 s’inscrit ainsi dans une reconfiguration profonde du secteur, qui interroge la capacité de l’Europe à conjuguer compétitivité, souveraineté industrielle et engagement climatique.








