Exonérations fiscales des pourboires, bientôt en Belgique ?

Alors que le secteur horeca espère un geste fiscal pour retrouver son attractivité, les inquiétudes budgétaires exposées par la Cour des comptes pourraient en ralentir l’adoption.

Publié le
Lecture : 2 min
Impots sur les pourboires
Exonérations fiscales des pourboires bientôt en Belgique ? : Crédit : 24 Heures | Econostrum.info - Belgique

Alors que le gouvernement belge réfléchit à une réforme de la fiscalité dans l’horeca, une mesure en particulier attire l’attention : l’exonération des pourboires. Cette idée s’inspire du modèle français, en vigueur depuis 2022, qui prévoit que les pourboires versés par carte bancaire ne sont pas imposés. 

Le secteur horeca, durement touché par la crise sanitaire et économique, y voit une manière concrète de revaloriser ses métiers. Mais un avis récent de la Cour des comptes remet sérieusement en question la viabilité financière de cette proposition.

Un soutien du secteur horeca face à la crise

La proposition d’exonérer les pourboires d’impôts est bien accueillie par les professionnels du secteur horeca. Employeurs comme employés y voient une manière simple d’augmenter les revenus nets du personnel sans alourdir la masse salariale. Dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre et de désaffection pour les métiers de la restauration, cela représenterait un atout non négligeable pour rendre ces professions plus attractives.

Les habitudes de consommation ont évolué. Les paiements en liquide se raréfient et, avec eux, les pourboires traditionnels laissés en espèces. Le personnel espère ainsi qu’un traitement fiscal plus souple des pourboires électroniques pourrait stimuler la générosité des clients. Cette logique a déjà été appliquée en France, où le gouvernement a constaté une hausse de ces contributions volontaires depuis la réforme. En Belgique, les pourboires sont actuellement assimilés à un avantage imposable, ce qui freine leur généralisation.

L’Union des Classes Moyennes soutient la mesure, estimant qu’elle pourrait redonner un peu de souffle à un secteur affaibli, selon Sudinfo. Certains restaurateurs soulignent en revanche la nécessité d’un encadrement clair pour éviter les charges administratives supplémentaires. Le but est de maintenir un système simple, transparent et équitable pour les établissements.

Une mesure coûteuse selon la Cour des comptes

Malgré cet accueil favorable du terrain, l’avis émis par la Cour des comptes introduit une réserve de taille. Dans une analyse budgétaire récente, l’institution met en lumière le coût potentiel d’une telle réforme pour les finances publiques. En période de recherche d’économies budgétaires, alors que l’État tente de combler un déficit structurel, cette exonération est jugée inopportune.

La Cour souligne l’absence d’estimations précises quant à l’impact financier de la mesure, mais rappelle que chaque euro exonéré est un euro qui ne rentre pas dans les caisses de l’État. En l’absence de mécanismes de compensation, cela pourrait aggraver le déficit public. Le contexte budgétaire belge est déjà tendu, et les marges de manœuvre sont limitées.

Par ailleurs, les experts financiers s’interrogent sur la pertinence d’utiliser un levier fiscal pour compenser un manque structurel de reconnaissance salariale dans l’horeca. Ils mettent en garde contre une dérive qui ferait peser sur les consommateurs la responsabilité d’assurer une partie de la rémunération des travailleurs.

Cette divergence entre la volonté politique de soutenir un secteur en difficulté et la prudence budgétaire recommandée par la Cour des comptes pose un dilemme. Le débat est loin d’être clos et la décision finale pourrait bien dépendre du prochain accord gouvernemental. Pour l’instant, aucun texte n’a été formalisé et la mesure reste à l’état de proposition.

Laisser un commentaire

Share to...