Euro numérique : va-t-il vraiment remplacer le cash en toute confidentialité ?

L’euro numérique pourrait bientôt transformer les paiements en Europe, avec la promesse d’autonomie et de confidentialité proche du cash.

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Euro numérique : va-t-il vraiment remplacer le cash en toute confidentialité ? Crédit : Canva | Econostrum.info - Belgique

L’Union européenne prépare l’euro numérique, une nouvelle forme de monnaie destinée à moderniser les paiements et réduire la dépendance aux réseaux étrangers. Ce projet, encore en discussion, pourrait transformer notre manière d’utiliser l’argent au quotidien. Reste à savoir s’il tiendra ses promesses en matière de confidentialité et d’accessibilité.

L’euro numérique, encore en phase de préparation, suscite de nombreuses interrogations, notamment sur la question de la confidentialité et de son utilité réelle pour les citoyens. Initié en 2021, le projet vise à offrir à l’Union européenne plus d’autonomie face aux géants américains du paiement, Visa et MasterCard, tout en proposant une alternative au cash dont l’usage recule.

Après une phase d’investigation achevée fin 2023, l’Eurosystème – regroupant la Banque centrale européenne (BCE) et les banques centrales nationales – travaille désormais sur l’aspect technologique. La décision de passer à une phase pilote devrait intervenir fin 2025, sous réserve d’un cadre législatif validé par le Parlement et le Conseil européens.

Les deux ambitions majeures de l’euro numérique

Pour Lalibre, Florian Christiaens, expert à la Banque nationale, explique que l’euro numérique répond à un double objectif. Le premier est stratégique : treize des vingt pays de la zone euro dépendent encore de systèmes de paiement non européens pour la majorité de leurs transactions. Un euro numérique géré à 100 % en Europe réduirait cette dépendance. Le second est lié à la confidentialité : le système pourrait offrir un degré de discrétion proche de celui des paiements en espèces.

Le projet prévoit deux modes d’utilisation. Le compte en ligne, intégré aux applications bancaires, serait opéré par l’Eurosystème qui ferait office de réseau de paiement entre la banque du commerçant et celle du client, sans accès direct à l’identité de l’utilisateur. Seule la banque du particulier, pour des raisons de lutte contre le blanchiment, disposerait de ces informations.

Vers la mise en place d’un plafond pour les comptes en euro numérique

Le compte hors ligne, lui, permettrait de stocker la monnaie directement sur une carte ou un téléphone équipé d’une puce sécurisée, sans intermédiaire. Dans ce mode, seules les parties à la transaction connaissent les détails, comme pour le cash. Pour éviter toute déstabilisation des dépôts bancaires, la BCE envisage d’instaurer un plafond sur les comptes en euro numérique, possiblement autour de 3 000 euros, avec des limites plus basses pour les paiements hors ligne.

Reste à convaincre commerçants et consommateurs d’adopter ce nouvel outil, ce qui passera par la compatibilité des terminaux et un temps d’adaptation prévu par le législateur européen. La décision finale dépendra autant de la faisabilité technique que de la volonté politique des États membres.

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