Comme les autres ressortissants européens, les Belges sont de plus en plus nombreux à franchir les frontières pour placer leur épargne dans des banques étrangères en zone euro.
Selon les dernières données de la Banque centrale européenne (BCE) de fin août, reprises par L’Echo, les résidents des 20 pays de la zone euro n’ont jamais déposé autant d’argent dans des banques étrangères au sein de cette même zone. Ils détiennent en effet 151,5 milliards d’euros en dépôts dans des établissements situés dans d’autres pays de la zone euro, soit une augmentation de près de 50 % par rapport à il y a trois ans.
Parmi ces 151,5 milliards d’euros de dépôts, les Allemands occupent la première place avec 52,9 milliards d’euros déposés hors de leur pays, probablement en raison des taux d’intérêt très bas offerts par les banques allemandes. Les Français suivent avec 15,9 milliards d’euros, puis les Néerlandais avec 15 milliards.
Les Belges ont 12,4 milliards d’euros dans des banques de la zone euro
Les Belges arrivent en quatrième position, avec 12,4 milliards d’euros placés à l’étranger dans la zone euro à la fin du deuxième trimestre 2024. Malgré une légère baisse depuis le début de l’année, ce montant reste proche d’un record, ayant atteint un peu plus de 10 milliards d’euros à la mi-2021.
La hausse des dépôts belges à l’étranger avait déjà été constatée par le SPF Finances en juillet, révélant que 378 652 ménages belges avaient coché la case relative aux comptes à l’étranger dans leurs déclarations fiscales 2023, soit une augmentation de 8,1 % par rapport à 2022.
Des obstacles malgré l’union monétaire
Bien que l’union monétaire facilite théoriquement l’accès aux services financiers dans d’autres pays, des obstacles persistent, explique Matthias Rumpf, expert en statistiques à la BCE. « Les services financiers étrangers peuvent être attractifs en raison de taux d’intérêt plus élevés ou de produits bancaires spécifiques », précise-t-il, bien que les citoyens de la zone euro aient historiquement peu recours aux banques étrangères.
Pour les Belges, plusieurs freins compliquent l’accès aux comptes bancaires dans d’autres pays de la zone euro. Administrativement, chaque compte ouvert à l’étranger doit être déclaré au Point de contact central (PCC) de la Banque nationale. Par ailleurs, les intérêts générés à l’étranger ne bénéficient pas des exonérations appliquées aux comptes d’épargne réglementés en Belgique et sont soumis à un précompte mobilier de 30 %, auquel s’ajoute parfois un prélèvement à la source dans le pays du compte, sauf en cas de convention de double imposition.
Les limites des banques en ligne
De plus, la plupart des banques de la zone euro exigent de leurs clients une adresse légale dans le pays pour ouvrir un compte. Par exemple, un Belge pourrait être attiré par le Livret A français et son taux de 3 % (plafonné à 22 950 euros), mais sans adresse en France, la plupart des banques refuseraient ce service.
Les grandes banques, souvent présentes dans plusieurs pays via leurs filiales (BNP Paribas/BNP Paribas Fortis, ING/ING Belgique, Deutsche Bank/Deutsche Bank Belgium, etc.), n’ont guère d’intérêt à « se faire concurrence à elles-mêmes » en cherchant à attirer les clients de pays voisins. Les banques en ligne, comme Revolut ou N26, font figure d’exception en ciblant une clientèle internationale, mais elles manquent parfois de certains services traditionnels, comme les prêts, qu’elles offrent rarement.