La question de savoir quels travailleurs belges sont les plus « fainéants » suscite de nombreuses discussions, souvent alimentées par des stéréotypes. En Belgique, les disparités entre les régions sont évidentes, en particulier entre la Wallonie et la Flandre. Mais derrière ces idées reçues se cachent des facteurs économiques, sociaux et culturels qui méritent d’être décortiqués.
Les clichés concernant les Wallons, souvent perçus comme moins travailleurs que leurs voisins flamands, sont tenaces. Les statistiques sur le taux d’emploi viennent alimenter ces stéréotypes. Par exemple, en 2025, le taux d’emploi en Wallonie était de 68,4 %, bien en deçà des 77,8 % observés en Flandre, indiquent les données de Statbel. Ce différentiel est fréquemment attribué à un manque de motivation des travailleurs wallons. Cependant, cette vision simpliste omet de considérer plusieurs éléments clés.
Comment expliquer cet écart entre les taux d’emploi ?
D’abord, le profil socio-économique de la population wallonne diffère considérablement de celui de la Flandre. La Wallonie compte un plus grand nombre de travailleurs peu qualifiés, particulièrement dans des régions comme le Hainaut et Liège, où les taux de chômage sont plus élevés. Les données montrent qu’en 2024, seulement 49,5 % des Wallons de 25 à 54 ans ayant terminé un cycle d’études inférieur au secondaire étaient en emploi.
Cette proportion est bien plus faible que celle des diplômés du supérieur, mais aussi que celle des Wallons ayant une formation secondaire. L’écart en termes de formation est un facteur déterminant dans cette question. En Wallonie, l’offre de travail disponible est parfois mal adaptée à la demande, avec un manque de profils qualifiés pour occuper les postes vacants. Cela crée un déséquilibre entre les compétences des travailleurs et les exigences du marché, ce qui réduit le taux d’emploi.
Ensuite, l’économie wallonne souffre d’un manque d’emplois privés, comparé à la Flandre, où le tissu économique est beaucoup plus dynamique. La concentration des entreprises privées au nord du pays attire une main-d’œuvre plus large et diversifiée, favorisant ainsi un taux d’emploi plus élevé. En Wallonie, la transition après le déclin de l’industrie lourde a été lente, et l’économie privée peine encore à se redynamiser.
Les emplois étudiants pénalisent le marché du travail
Le phénomène des emplois étudiants a également des effets négatifs sur le marché du travail. Le relèvement du quota légal des jobs étudiants à 650 heures par an a, selon certains économistes, nui à l’emploi classique en Wallonie. Ces jobs sont particulièrement attractifs pour les employeurs en raison de leurs avantages fiscaux, mais ils concurrencent directement les travailleurs à la recherche d’emplois plus stables, souvent plus coûteux.
Les travailleurs belges ne sont donc pas « fainéants » en soi, mais l’inadéquation entre la formation, les opportunités d’emploi et les réalités économiques de chaque région joue un rôle central dans les écarts observés. Réduire ces disparités passe par une amélioration de la mobilité interrégionale, l’adaptation de l’offre de formation et le soutien à la revitalisation de l’économie privée wallonne. Les stéréotypes sur les travailleurs wallons comme « fainéants » doivent donc être replacés dans un contexte plus large, où les facteurs structurels ont une part importante.








