L’Agence pour l’emploi luxembourgeoise (ADEM) recense un nombre de demandeurs bien supérieur aux postes à pourvoir. En théorie, cette abondance de main-d’œuvre devrait satisfaire les besoins des employeurs, mais la réalité est toute autre. De nombreux secteurs peinent à trouver des candidats adéquats, mettant en lumière des tensions structurelles sur le marché du travail, comme le rapporte Les Frontaliers.
À cette disparité s’ajoutent les évolutions du contexte économique. Selon Inès Baer, responsable de l’analyse des chiffres à l’ADEM, l’activité ralentit et certains secteurs, notamment la construction, subissent des faillites en série. Cette conjoncture défavorable limite les perspectives de baisse du chômage, malgré la présence de nombreux demandeurs d’emploi, une tendance soulignée dans la même source.
Un marché du travail segmenté
L’analyse des données de l’ADEM montre une répartition inégale des opportunités. Certains secteurs, comme le nettoyage ou le secrétariat, connaissent une forte concurrence entre candidats, avec jusqu’à quatre chômeurs pour un poste disponible. À l’inverse, la comptabilité et l’informatique offrent plus de postes que de candidats, avec parfois deux emplois vacants pour une seule personne en recherche.
Les besoins sont particulièrement marqués dans les domaines de la santé et du social. La COPAS, organisation qui regroupe les prestataires de soins, estime qu’il faudrait recruter 4 000 professionnels d’ici cinq ans pour répondre à la demande croissante. Pourtant, ces opportunités ne suffisent pas à absorber l’ensemble des demandeurs d’emploi, souvent en inadéquation avec les qualifications requises, comme l’explique Les Frontaliers.
Des exigences accrues des employeurs
Au-delà du déséquilibre numérique entre offres et demandes, le niveau d’exigence des entreprises constitue un frein supplémentaire. La directrice de l’ADEM, Isabelle Schlesser, expliquait en janvier sur RTL que les recruteurs recherchent des profils toujours plus spécialisés, en particulier dans les métiers de l’informatique. Même avec des diplômes adaptés, certains candidats ne disposent pas des compétences techniques précises ou de l’expérience souhaitée.
Cette situation touche aussi les travailleurs étrangers dont les qualifications ne sont pas toujours reconnues au Luxembourg. Ceux issus de pays hors Union européenne rencontrent des difficultés particulières, réduisant leur accès à certains emplois malgré des compétences souvent avérées. Inès Baer confirme que de plus en plus de demandeurs d’emploi inscrits à l’ADEM possèdent un diplôme universitaire, mais que cela ne garantit pas pour autant une embauche rapide.
Une vision partielle du chômage
Les chiffres officiels ne reflètent qu’une partie du marché de l’emploi. D’un côté, de nombreuses personnes en poste cherchent à changer d’emploi sans être inscrites à l’ADEM. De l’autre, tous les employeurs ne déclarent pas systématiquement leurs postes vacants, malgré une obligation légale. Dans des secteurs comme l’hôtellerie ou la construction, le recrutement repose davantage sur le bouche-à-oreille que sur les annonces officielles.
Face à cette situation, des initiatives émergent. L’organisation de salons de l’emploi ciblés permet de mettre en relation directe les employeurs et les candidats. L’ADEM multiplie ces événements, avec un retour positif des entreprises et des chercheurs d’emploi, bien que leur efficacité reste difficile à mesurer.