L’écart salarial est un sujet majeur dans l’analyse des inégalités économiques, notamment entre les sexes. En Belgique, cette question fait l’objet d’une attention particulière, car elle est au croisement de plusieurs défis économiques et sociaux.
La Belgique, bien que souvent perçue comme un modèle en termes de politique de lutte contre les inégalités salariales, fait face à des disparités persistantes dans certains secteurs. Bien qu’il y ait eu des progrès notables, des efforts supplémentaires sont nécessaires pour combler les derniers écarts.
Un écart salarial modéré mais persistant
En Belgique, l’écart salarial entre hommes et femmes s’établissait en 2023 à 5,6 %, un chiffre significativement plus bas que la moyenne européenne de 13 %. Ce taux fait de la Belgique l’un des pays les plus performants dans la réduction de l’écart salarial entre les sexes. Cependant, même si le chiffre global est relativement faible, il cache des réalités différentes selon les secteurs et les types d’emplois.
Les femmes continuent de concentrer une grande partie de leurs carrières dans des secteurs moins rémunérés, tels que l’éducation, les soins de santé ou les services sociaux, tandis que les hommes dominent les secteurs mieux payés, comme l’ingénierie, la finance ou l’informatique. Cette segmentation setctorielle contribue de manière significative à l’écart salarial. En outre, les femmes, bien qu’elles soient de plus en plus nombreuses à obtenir des diplômes de niveau universitaire, restent moins représentées dans les postes à haute responsabilité.
Les interruptions de carrière, liées principalement à la maternité ou aux obligations familiales, jouent également un rôle majeur dans la distorsion des revenus des femmes. Selon les données de l’Institut National d’Assurances Sociales pour Travailleurs Indépendants (INASTI), une femme sur trois connaît une baisse de salaire notable après une interruption pour raisons familiales, contrairement aux hommes qui bénéficient d’une progression salariale continue.
Les défis pour atteindre l’égalité salariale
Malgré les progrès réalisés, la Belgique doit encore surmonter plusieurs obstacles pour parvenir à une égalité salariale totale. Depuis 2022, les entreprises de plus de 50 employés sont tenues de publier un rapport sur l’égalité salariale tous les deux ans. Cette législation visait à accroître la transparence salariale et à encourager les entreprises à examiner et à corriger les inégalités au sein de leurs structures. Bien que cette mesure ait permis de sensibiliser les employeurs à la question, elle reste insuffisante pour mettre fin aux inégalités salariales.
Les chiffres montrent que seulement 32 % des entreprises belges respectent pleinement les règles de transparence salariale et présentent des rapports détaillés, bien que ce chiffre ait augmenté depuis l’instauration de la législation. Selon une étude de la Confédération des Syndicats Chrétiens (CSC), un grand nombre d’entreprises échappent encore à cette obligation en raison de leur taille ou de leur secteur, ce qui empêche une véritable standardisation de l’égalité salariale.
La répartition des rôles familiaux est également un obstacle majeur à l’égalité salariale. Les femmes, en particulier dans les familles monoparentales, ont souvent plus de responsabilités domestiques que leurs homologues masculins, ce qui les empêche de se consacrer pleinement à leur carrière professionnelle. Selon une étude d‘Eurostat, les femmes belges effectuent en moyenne 30 % de tâches domestiques supplémentaires que les hommes, ce qui affecte directement leurs opportunités de promotion et, par conséquent, leurs salaires.