Entre 2019 et 2023, le congé paternité a été utilisé par un plus grand nombre de nouveaux pères. Ce n’est pas tout : il est même devenu plus long, passant de dix jours à deux semaines.
Malgré ce succès grandissant, quelques irréductibles, surtout parmi les indépendants, résistent encore et remettent en question la nécessité de rendre ce congé obligatoire. Résultat : moins d’égalité salariale et d’opportunités de carrière entre hommes et femmes.
Le congé paternité pourra entraîner plus d’égalité
Le constat est clair : une répartition plus équilibrée des congés liés à la naissance des enfants au sein des couples favorise une plus grande égalité salariale et professionnelle dans la société. Par ailleurs, quand le père prend un congé prolongé, la reprise du travail est souvent facilitée pour la mère. C’est ce que révèle une étude de l’ULB. Aujourd’hui encore, après la naissance d’un premier enfant, le salaire de la femme chute, contrairement à celui de l’homme.
Selon Eurostat, 43 femmes belges sur 100 occupaient un emploi à temps partiel en 2021. Chez les hommes, seuls 7,3 % ne travaillaient pas à temps plein, ce qui génère une inégalité qui persiste jusqu’à la retraite. En matière de pension légale, les femmes perçoivent 406 euros de moins que les hommes. Ces derniers touchent également une pension complémentaire deux fois plus élevée que celle des femmes. Heureusement, les congés parentaux sont désormais pris en compte dans le calcul des droits à la pension, grâce à une récente réforme.
L’obligation n’est pas pour demain
L’idée de rendre ce congé obligatoire suscite des réticences chez certaines associations et personnalités politiques, mais pas chez les principaux concernés : les pères. En effet, selon une étude de l’Institut pour l’égalité des hommes et des femmes, 84 % des pères interrogés se disent favorables à cette obligation, à condition que l’indemnité soit revalorisée. En outre, cela leur éviterait d’avoir à négocier ce congé avec leur employeur.
D’autres, comme l’UCM, perçoivent d’un mauvais œil l’obligation du congé paternité. Selon eux, cela reviendrait à suggérer que les indépendants ne se soucient pas suffisamment de la naissance de leurs enfants. Cependant, il semble que les mentalités évoluent au sein des partenaires sociaux. Comme l’indique Matthieu Dewevre, expert à l’UCM : « Nous sommes pour une révision globale des congés. D’ailleurs, nous en discutons actuellement avec les partenaires sociaux ».
Des congés encore sous-utilisés
Malgré des évolutions positives, tous les pères ne profitent pas encore de leur congé de naissance. D’une part, parce que, contrairement au congé maternité, il n’est pas obligatoire. D’autre part, la majorité déclare : « J’avais trop de travail ou je pouvais difficilement me permettre de m’absenter ». Cela concerne 55 % des indépendants et 36 % des salariés. En arrière-plan, une méconnaissance de leurs droits : ces jours de congé peuvent en effet être pris à tout moment durant les quatre mois suivant la naissance.
Chez les salariés, les chiffres sont plus encourageants : 8 % n’ont pris qu’une partie de leur congé, tandis que seulement 3 % n’en ont pas du tout bénéficié. En revanche, la situation est plus préoccupante chez les indépendants : 13 % n’ont pris qu’une partie de leur congé, et un inquiétant 28 % n’en ont pas profité du tout. C’est ce que révèle une étude menée en 2024 par l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes.