Les dépôts sur les comptes d’épargne en Belgique atteignent un niveau inédit depuis la vague d’investissement dans le Bon d’État de 2023. Ce regain d’intérêt pour l’épargne bancaire s’explique par la recherche de sécurité des ménages dans un contexte économique encore incertain.
Les banques constatent une accumulation des liquidités malgré des taux d’intérêt plus attractifs sur d’autres produits financiers. Ce phénomène interroge sur les habitudes de placement des épargnants et leurs perspectives à moyen terme.
Une accumulation record des dépôts bancaires
Les montants placés sur les comptes d’épargne réglementés en Belgique ont atteint un nouveau sommet, dépassant les niveaux observés avant l’essor du Bon d’État de 2023. Cette tendance confirme un retour des ménages vers l’épargne bancaire après un épisode marqué par des investissements massifs dans les obligations d’État. À l’époque, le Bon d’État avait capté près de 22 milliards d’euros, une somme record drainée hors des banques.
Malgré une légère remontée des taux d’intérêt des comptes d’épargne, ces derniers restent inférieurs à l’inflation, ce qui réduit leur rentabilité réelle. Pourtant, les ménages continuent de privilégier ces placements par souci de liquidité et de sécurité. Contrairement aux investissements en bourse ou dans l’immobilier, les dépôts sur livret offrent une disponibilité immédiate des fonds sans risque de perte en capital.
Les banques, soucieuses de retenir ces dépôts, ajustent progressivement leurs offres en proposant des taux légèrement bonifiés ou en lançant de nouveaux produits d’épargne à terme. Toutefois, cette stratégie reste mesurée afin d’éviter une augmentation trop importante du coût de la rémunération de l’épargne.
Des choix d’épargne guidés par la prudence
L’attrait renouvelé pour les comptes d’épargne traduit une attitude prudentielle des ménages, marquée par les incertitudes économiques et géopolitiques. Malgré la fin progressive de l’inflation élevée qui avait motivé l’investissement massif dans le Bon d’État, de nombreuses familles préfèrent conserver une épargne disponible en cas de besoin.
Cette prudence s’explique également par la volatilité des marchés financiers. Après des années de rendements incertains en bourse, certains épargnants hésitent à reprendre des risques, même si des placements plus rémunérateurs existent. L’immobilier, autre alternative d’investissement, souffre quant à lui de taux d’intérêt élevés qui freinent les nouveaux achats.
Le gouvernement et la Banque nationale suivent de près cette évolution. Une trop forte concentration des liquidités sur des comptes peu rémunérateurs pourrait freiner la consommation et l’investissement, limitant ainsi la reprise économique. Des incitations fiscales ou de nouveaux produits d’épargne pourraient émerger pour orienter ces fonds vers des usages plus dynamiques.