Le commerce en ligne continue de s’imposer dans les habitudes de consommation en Belgique. En 2024, les achats sur internet ont franchi un nouveau seuil, atteignant un volume inédit.
Cette croissance s’inscrit dans une dynamique entamée depuis plusieurs années, marquée par une transition progressive vers le numérique. Elle soulève des questions importantes pour les commerçants traditionnels et pour l’économie belge dans son ensemble.
Une croissance de 6,7 % sur un an, portée par les services et les jouets
D’après les chiffres publiés par Becom, la fédération du commerce électronique, les Belges ont dépensé 17,4 milliards d’euros en ligne en 2024, un montant jamais atteint auparavant. Cela représente une hausse de 1 milliard d’euros par rapport à 2023, soit une progression de 6,7 % en un an. Si l’on prend en compte l’inflation moyenne de 4,3 % observée en 2024, cette augmentation reste significative en volume réel, traduisant une hausse effective des achats en ligne.
Cette croissance est principalement tirée par les achats de services, qui restent en tête des catégories les plus prisées. Les réservations de voyages, les billets de spectacles, les abonnements numériques ou encore les services liés à la mobilité constituent une part importante des dépenses. Cette prédominance des services s’explique notamment par la facilité de leur dématérialisation et leur accessibilité immédiate en ligne.
Mais certains segments de biens matériels enregistrent également une nette progression. Les ventes de jouets, en particulier, affichent une hausse remarquable sur les plateformes numériques. Cette tendance contraste avec la baisse observée dans les points de vente physiques, où ce segment semble en perte de vitesse. La commodité d’achat, la disponibilité des stocks et les comparateurs de prix en ligne sont autant de facteurs qui expliquent cette migration des consommateurs vers l’e-commerce pour ces produits.
Les données de Becom confirment que les comportements d’achat évoluent durablement : la part des Belges effectuant régulièrement des achats en ligne ne cesse d’augmenter, tout comme le nombre de transactions par utilisateur. L’ancrage de ces habitudes ne semble plus conjoncturel, mais structurel, nourri par une offre qui s’élargit et des usages désormais bien intégrés dans le quotidien.
Des mutations économiques et commerciales profondes
La progression du commerce en ligne n’est pas neutre pour l’écosystème commercial belge. Si 17,4 milliards d’euros ont transité par le canal numérique en 2024, cela signifie aussi que ces montants échappent pour partie aux commerces physiques, qui voient leur part de marché s’éroder. Pour de nombreux acteurs traditionnels, cette situation pose un enjeu de transformation rapide pour rester compétitifs dans un environnement de plus en plus digitalisé.
Les commerces de détail sont confrontés à deux défis majeurs : capter une partie de la clientèle numérique et réussir à faire coexister leur offre physique avec une présence en ligne efficace. Or, selon les dernières études sectorielles, une proportion importante de commerçants indépendants n’a toujours pas investi dans l’e-commerce, ou le fait de manière marginale. Cela limite leur capacité à répondre aux attentes des consommateurs.
Le déséquilibre entre l’offre locale et l’offre étrangère demeure également un sujet de préoccupation. Une part croissante des achats réalisés par les Belges le sont auprès de plateformes internationales, qui bénéficient d’économies d’échelle, d’une logistique optimisée et d’une forte visibilité en ligne. Cette situation fragilise le commerce local, d’autant que la collecte de la TVA sur les achats transfrontaliers reste complexe et incomplète, réduisant d’autant les recettes fiscales du pays.
Dans ce contexte, des initiatives émergent pour soutenir le commerce belge. Certaines plateformes d’e-commerce locales, soutenues par des fédérations professionnelles ou des autorités publiques, tentent de centraliser l’offre des petits commerçants et d’en améliorer la visibilité en ligne. Mais ces projets peinent à rivaliser avec la puissance des acteurs internationaux, en raison d’un manque de ressources, de notoriété ou d’infrastructure logistique.